
Remobiliser les électeurs, c'est le mot d'ordre à deux jours du second tour des élections régionales en France. Le premier tour a vu le succès du Parti socialiste, le recul de l'UMP, la consolidation d'Europe Ecologie et le retour du Front national dans le jeu politique. Mais le principal défi à relever reste celui de l’abstention.
L’abstention a été le grand vainqueur du premier tour des élections régionales 2010 : 53,6%, un record qui révèle une tendance générale. Depuis les premières élections régionales de 1986, l’abstention n’a pas cessé de croître. Elle était alors de 25,2%. De manière générale, depuis le début de la Vème République, en 1958, les électeurs se mobilisent de moins en moins.
D’ordinaire pourtant, plus les scrutins sont locaux plus les électeurs se mobilisent. Les enjeux sont plus concrets. Lors des dernières élections régionales, en 2004, seuls 39,16% des électeurs inscrits s’étaient abstenus. "Il ne faut pas comparer le scrutin de cette année et celui de 2004, alerte Bruno Jeanbart, directeur adjoint de l’Institut de sondage Opinion Way. Il s’agissait alors de la première élection après la présidentielle de 2002. Jean-Marie le Pen était arrivé au second tour notamment à cause du fort taux d’abstention. Les électeurs de gauche s’en sont voulu de ne pas être allés voter pour Lionel Jospin. Il y a donc eu une mobilisation massive". En 1998, l’abstention avait été de 42%. Onze points de moins qu’aujourd’hui.
Alors pourquoi un tel taux d’abstention pour ces élections régionales ? "Il y a un nouvel électorat abstentionniste : un électorat âgé et de droite qui exprime son mécontentement", analyse Jean-Daniel Levy, directeur des études d’opinion au CSA. 41% des électeurs de droite se sont abstenus dimanche dernier, contre 37% à gauche.
Depuis, la droite bat le rappel. Le premier ministre, François Fillon, a appelé à "aller chercher [les] abstentionnistes". La gauche se garde de tout triomphalisme bien qu’elle puisse faire un Grand Chelem et remporter les 22 régions métropolitaines. Aujourd’hui, elle en détient 20, l’Alsace et la Corse étant dirigées par l’UMP.
Au second tour, les votes sont habituellement moins éparpillés, et les électeurs ont tendance à plus se mobiliser. Ce dimanche, Jean-Daniel Levy doute "que beaucoup de ceux qui se sont abstenus au premier tour ne se dirigent vers les urnes".
Emission préparée par Patrick Lovett, Kate Williams et Marie Billon