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A deux jours du scrutin, l’UMP joue la carte sécuritaire

Suite au meurtre d'un policier à Dammarie-lès-lys, mardi dernier, l'UMP brandit l'argument sécuritaire à deux jours du second tour des élections régionales où le parti présidentiel est donné perdant.

A deux jours du second tour des régionales, l’UMP dégaine ses armes habituelles pour remobiliser son électorat : la sécurité et la lutte contre la violence. Nicolas Sarkozy et François Fillon ont, ainsi, repris les thématiques de l'insécurité et de la répression, suite au décès d'un policier dans une fusillade en Seine-et-Marne, mardi dernier.

Pour l’UMP, la claque a été rude au premier tour des régionales, dimanche dernier. Avec 26,3% des voix, le parti de la majorité n’a pas tenu ses objectifs, n'arrivant en tête que dans 9 régions sur les 22 espérées. Les sondages du second tour ne lui sont pas favorables non plus, puisque la gauche est créditée de 56% à 57% d'intentions de vote dans les enquêtes d'opinion.

Aussi, face à un électorat traditionnel démobilisé et afin de puiser dans les réserves d'électeurs du Front national, présent en triangulaire au second tour, l'UMP ressort la ficelle sécuritaire qui a déjà fait ses preuves.  

En juin 2009, à la veille des élections européennes qui ne s'annonçaient pas sous les meilleurs auspices pour l'exécutif, Nicolas Sarkozy avait déjà relancé le débat sur les bandes et les violences à l'école.

Quand le président s’en mêle

Cette fois, c’est la mort de Jean-Serge Nérin, un policier tué dans une fusillade, mardi à Dammarie-lès-Lys, par des membres présumés de l’ETA, qui a servi le discours de l’UMP. Le président Nicolas Sarkozy s’est rendu lui-même sur place pour présenter ses condoléances aux proches du défunt.

Accompagné des ministres de l’Intérieur et de la Justice, Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie, et de quelques élus, il a appelé à une application "systématique" de la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine incompressible de trente ans  pour les meurtriers des forces de l’ordre.

De son côté, le Premier ministre, en meeting hier soir à Paris, a parlé de "voyous" qui participent au développement d’une "violence barbare". Au détour d’une phrase, François Fillon a également évoqué, par erreur, la mort d’un policier… toujours vivant. L’homme, agressé le 8 mars à Epernay,  a été plongé dans un coma artificiel mais en est récemment sorti.

Le Premier ministre a rapidement adressé ses "excuses" à la victime et à sa famille, invoquant une "erreur matérielle glissée dans un discours". Mais la gaffe n’est pas passée inaperçue.

Levée de boucliers

La secrétaire du PS, Martine Aubry, a vivement dénoncé la récupération "d’un drame lié à l’insécurité" à des fins politiques. Elle a déclaré dans un entretien au Parisien que l’UMP n’a qu’un objectif "faire peur aux Français", reprochant, par la même occasion, au gouvernement "un échec total dans la lutte contre l’insécurité".

Suite à l'impair de François Fillon, Martine Aubry a évoqué "un épisode consternant. D’abord pour la famille et pour la victime elle-même". "Bien sûr, chacun peut se tromper, mais cela illustre la précipitation du gouvernement à récupérer des drames liés à l’insécurité ", a ajouté la maire de Lille.  

Jean-Marie Le Pen, dont le parti sera présent en triangulaire dans les 12 régions où il a fait plus de 10%  lors du premier tour, a qualifié de "dérisoire" et "choquant" l'exploitation du meurtre du policier, affirmant que les électeurs du Front national ne se laisseraient pas prendre "à ces grossières manœuvres".

Le débat sur la sécurité n'a, cependant, pas toujours desservi le parti frontiste. En avril 2002, à deux jours de l'élection présidentielle, l'agression d'un vieillard de 72 ans à Orléans était devenue le symbole des problèmes de sécurité en France. Le Front national était alors arrivé au second tour, avec près de 17% des suffrages.