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L'opposante Aung San Suu Kyi exclue des prochaines élections

Selon la nouvelle législation promue par la junte en vue des élections législatives, quiconque purge une peine de prison ne peut appartenir à un parti, ce qui signifie que la LND doit exclure sa présidente Aung San Suu Kyi.

Aung San Suu Kyi sera exclue des élections législatives attendues, cette année en Birmanie, les premières organisées dans le pays depuis 20 ans.

La junte au pouvoir a promulgué, lundi, cinq textes de lois relatifs à la tenue des élections, révélés progressivement dans les médias. Dernier en date, la loi sur l’enregistrement des partis politiques stipulant que ces derniers ne peuvent inclure des membres ayant séjourné en prison.

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Cette nouvelle législation oblige donc la Ligue nationale pour la démocratie (LND) à exclure sa présidente, Aung San Suu Kyi. En effet, l’opposante de 64 ans, condamnée en 2009 pour avoir hébergé un Américain, purge actuellement une peine d’assignation à résidence de 18 mois qui doit prendre fin en novembre prochain.

Cette dernière manœuvre de la junte pour écarter du pouvoir sa plus célèbre ennemie

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"La dictature birmane a viscéralement peur de cette icône démocratique"
L'opposante Aung San Suu Kyi exclue des prochaines élections

n’a rien de surprenant, selon un moine birman qui a co-dirigé la "révolution safran" et défié les autorités de Myanmar en 2007.

"La dictature birmane, qui règne depuis 40 ans, a viscéralement peur de cette icône démocratique, peur de l’immense popularité d’Aung San Suu Kyi. Donc elle engage tous les moyens pour l’exclure", a-t-il confié sous couvert d’anonymat à Cyril Payen, correspondant de France 24 en Thaïlande.

"Cette élection est une farce, une mascarade ! ", avance ce moine contestataire qui balaye d’un trait la "feuille de route pour l’édification d’une démocratie disciplinée" , présentée par les militaires en 2003.

La Constitution adoptée en 2008, qui réserve d’office un quart des sièges aux militaires, exclut également l’opposante en privant de mandat toute personne mariée à un étranger. Or, Aung San Suu Kyi était marié au Britannique Michael Aris, décédé en 1999 alors qu’elle était en détention.

Malgré le soutien international à l’opposante, la junte fait tout ce qu’elle peut pour la tenir à l’écart de son activité politique. En 1990 déjà, lors des dernières élections remportées par la LND, Aung San Suu Kyi n’a jamais été autorisée à exercer le pouvoir. La dissidente, prix Nobel de la paix, a, depuis, passé plus de 14 ans, privée de liberté.

La date des prochaines élections, à ce jour inconnue, sera choisie par la commission électorale. Les partis politiques devraient avoir aux alentours de six mois pour faire campagne.

D’ici là, de nouvelles manifestations de contestations devraient éclater à Rangoon, d’après ce leader de la "révolution safran" qui a indiqué à France 24 qu’un réseau clandestin de moines était actuellement en pleine préparation du mouvement.