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Hamid Karzaï visite l'ancien bastion taliban de Marjah

Le président afghan s'est rendu à Marjah, dans le nord-est du pays, pour la première fois depuis la fin de l'offensive de l'Otan et de l'armée afghane contre les Taliban qui tenaient la région.

AFP - Le président afghan Hamid Karzaï s'est rendu dimanche pour la première fois à Marjah, épicentre de la vaste offensive lancée il y a trois semaines dans le sud de l'Afghanistan par l'Otan et l'armée afghane, où il a promis de faire construire écoles et hôpitaux.

Accompagné par le chef des forces internationales en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, et par les ministres afghans de l'Intérieur et de la Défense, M. Karzaï a effectué une visite de quelques heures à Marjah, sa première depuis le lancement le 13 février de l'opération Mushtarak (Ensemble).

"Je suis là pour vous entendre et écouter vos problèmes", a dit le chef de l'Etat afghan devant 300 chefs de tribus locaux réunis dans une mosquée près du marché central de Marjah.

"Etes-vous contre moi ou avec moi ? Allez-vous me soutenir ?", a-t-il demandé aux chefs tribaux qui ont levé la main en signe d'allégeance.

M. Karzaï a promis d'apporter la sécurité et de faire construire écoles, routes et hôpitaux.

Les chefs de tribus se plaignent toutefois des responsables "corrompus" en place avant la prise de contrôle par les talibans, des écoles et maisons transformées en postes de combat par les forces internationales et des civils "innocents" arrêtés et mis en prison par l'Otan pendant les trois premières semaines d'offensive.

"Je suis très heureux aujourd'hui. Je suis venu en personne à Marjah. J'ai eu l'opportunité de rencontrer et de parler avec les habitants. En même temps, c'est une source de tristesse de voir comment les habitants ont souffert du gouvernement afghan et des étrangers", a-t-il dit en référence aux opérations militaires.

"Si Dieu le veut, nous essayerons de résoudre leurs problèmes", a-t-il assuré.

L'opération Mushtarak, la plus vaste offensive de l'Otan et des forces afghanes depuis la chute des talibans en 2001, a nécessité le déploiement de 15.000 soldats internationaux et afghans.

C'est le premier test réel pour le président américain Barack Obama depuis l'annonce en décembre de l'envoi de plus de 30.000 soldats américains supplémentaires dans le cadre de la nouvelle stratégie menée par le général McChrystal.   

L'Otan et les généraux afghans disent ne pas avoir encore le contrôle total des districts de Marjah et de Nad Ali, mais la police afghane a commencé à s'y déployer et à travailler.

Les autorités afghanes, soutenues par les Marines américains, avaient pris le 25 février le contrôle de cette bourgade, mais des combats très sporadiques s'y poursuivent aux alentours.

Des centaines de bombes artisanales disséminées par les talibans empêchent toutefois un retour à la vie normale pour les civils qui cherchent à s'approvisionner en nourriture et en médicaments, selon la Croix-Rouge.

Quatre à six bombes artisanales explosent encore chaque jour mais sans forcément faire de victimes, avait indiqué l'Otan jeudi.

Mark Sedwill, le représentant civil de l'Otan en Afghanistan, a déclaré dans un entretien à l'AFP que le gouvernement afghan et ses partenaires occidentaux espéraient que l'opération Mushtarak allait servir de "modèle" pour corriger les erreurs du passé et mettre un terme à la guerre.

"Mushtarak est un modèle dont on tire des leçons" et va être le laboratoire de la lutte contre-insurrectionnelle qui va se dérouler dans les 18 mois dans la province du Helmand et dans la province voisine de Kandahar, le berceau des talibans.

"Personne n'a d'illusions sur le fait que les choses allaient dans la mauvaise direction ces huit dernières années. Si on regarde les quatre ou cinq dernières années, la sécurité s'est détériorée, l'insurrection s'est enracinée dans le sud et étendue dans le nord et l'ouest", a-t-il dit.