Selon des résultats portant sur 20 des 35 circonscriptions électorales, le chef de l'État sortant devance son principal opposant, Jean-Pierre Fabre, de quelque 100 000 voix. Des partisans de l'opposition organisent une manifestation à Lomé.
AFP - Policiers en tenue anti-émeutes, check-points, manifestation de l'opposition dispersée à coups de gaz lacrymogène: la tension était palpable samedi dans les rues de Lomé à l'approche de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, prévue dans la soirée.
A toutes les intersections importantes de la capitale togolaise, policiers et gendarmes ont élevé des barrages au fil de la journée et les rues, d'ordinaire remplies de monde, se sont progressivement vidées.
Enfermée dans le Centre des Expositions de Lomé, la Commission électorale nationale indépendante (Céni), compile un à un les résultats qui lui sont parvenus de toutes les régions du pays.
Première tendance : le président sortant Faure Gnassingbé, qui brigue un second quinquennat, est donné en tête sur la base des résultats dans 20 circonscriptions sur 35.
La rue se crispe. Plusieurs centaines de jeunes de l'UFC (Union des Forces de Changement), le parti de Jean-Pierre Fabre, principal adversaire de M. Gnassingbé, organisent une manifestation dans le centre de Lomé pour protester contre la façon dont sont décomptés les résultats.
Leur candidat est "au premier rang" du cortège, selon Erick Kaglan, un journaliste d'une radio FM togolaise.
Ils mettent le cap sur la place de l'Indépendance, dans le centre de Lomé, mais les forces de l'ordre dispersent la manifestation.
"On s'est rendus place de l'Indépendance, on a été bloqués, on a été copieusement arrosés de gaz lacrymogènes", déclare à l'AFP Eric Dupuy, un responsable de l'UFC.
Craignant des violences électorales, auxquelles ils sont habitués, les habitants de Lomé, sont rentrés chez eux. Les commerces, ouverts dans la matinée, ont fermé en milieu de journée.
it"On ne sait pas ce qui va se passer, on a tous peur, pour demain on ne sait pas comment on va se réveiller", confie à l'AFP Jean-Luc, un conducteur de taxi-moto.
"C'est très simple, nous allons nous réveiller demain avec un gendarme comme compagnon de route", coupe l'un de ses collègues, sur le ton de la plaisanterie, comme pour désamorcer une inquiétude qui s'installe.
L'élection à un tour, à laquelle sept candidats se sont présentés, se joue essentiellement entre le président sortant, fils du général Eyadéma qui a régné sur le pays d'une main de fer pendant 38 ans, jusqu'à son décès en 2005, et Jean-Pierre Fabre.
Devant le siège de l'UFC, dans le quartier populaire Bè, au moins 200 jeunes ont passé la journée à boire et à attendre les résultats, s'échauffant.
"Il faut que Fabre passe, sinon ça va être le feu à Lomé, sinon on va brûler le pays!", a lancé l'un d'entre eux.
Dans le quartier Wuiti, où se trouve aussi l'Université de Lomé, l'ambiance à l'extérieur du siège du RPT est plus calme.
Une dizaine de partisans de Faure Gnassingbé, vêtus de vert, la couleur du RPT, attendent aussi le verdict.
Sans attendre les résultats officiels, UFC et RPT ont chacun revendiqué vendredi soir la victoire.