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Le scandale des centres de désintoxication au Cambodge

Un rapport de Human Rights Watch dénonce les méthodes musclées utilisées par les autorités cambodgiennes contre les jeunes drogués dans les centres de désintoxication qui s'apparentent à des prisons. Enquête exclusive de notre correspondant, Cyril Payen.

Il n’est pas rare, la nuit dans les rues de Phnom Penh, la capitale cambodgienne, de croiser les jeunes laissés pour compte de la société. Le pays compte quelque cinq-cents mille toxicomanes.

Les méthodes utilisées par le gouvernement pour "désintoxiquer " les drogués sont au cœur d’une enquête réalisée par l’organisation humanitaire Human Rights Watch et rendue publique le 25 janvier 2010. L’ONG dénonce le recours à la torture, au viol et un florilège de sévices dans certains centres de désintoxication.

Nous avons été à la rencontre de ces drogués et leurs témoignages sont accablants. Toute cette communauté d’exclus vit dans la peur d’être de nouveau envoyée dans un centre où l’on est traité comme des animaux.

Au lieu d’être sevrés, les enfants drogués que la police ramasse dans les rues subissent des abus physiques, parfois sexuels, et doivent travailler de longues heures sans aucune rémunération.

De son côté, les autorités cambodgiennes réfutent en bloc toutes ces accusations et se reposent sur le grand nombre d’organisations internationales qui financent directement ou indirectement ces centres, dans un pays dont la moitié du budget de l’État dépend de l’aide internationale.

L’un des centres de la périphérie de Phnom Penh épinglé par Human Rights Watch accueille des enfants âgés de quatre à onze ans. Tous des enfants des rues qui se droguent avec de la colle et qui atterrissent ici après avoir été raflés par la police. Ironie du sort : ce centre bien connu des organisations de défense des droits de l’homme est financé par l’UNICEF, l’Agence des Nations unies pour la protection des enfants.

Depuis la parution du rapport de HRW et les accusations portées contre l’organisation internationale, aucune enquête n’aurait été diligentée par l’UNICEF et aucun changement notable n’a été observé dans le fonctionnement des centres de désintoxications cambodgiens.