Dernier jour de campagne pour les candidats à la présidentielle au Togo. Les électeurs choisiront, jeudi, leur président parmi sept candidats dont le sortant Faure Gnassingbé, lors d'un scrutin test pour la démocratie.
AFP - Les Togolais élisent jeudi leur président parmi sept candidats dont le sortant Faure Gnassingbé, fils de l'ancien dirigeant le général Gnassingbé Eyadéma, lors d'un scrutin test pour la démocratie dans cette nation secouée régulièrement par les violences électorales.
"Pour moi, et les autres aussi, ça va être un test de légitimité", a estimé dans un récent entretien à l'AFP M. Gnassingbé, 43 ans, candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT), au pouvoir depuis des décennies.
Il a appelé le 15 février les Togolais, et notamment la classe politique, à "éviter à
tout prix de susciter de nouvelles tensions", lors de ce vote à un tour auquel sont convoqués 3,281 millions d'inscrits.
Fils du général Eyadéma qui a régné sur le petit pays ouest-africain pendant 38 ans, jusqu'à son décès en février 2005, il avait immédiatement été installé dans le fauteuil présidentiel par l'armée.
En avril de la même année, Faure Gnassingbé avait été élu président lors d'une élection contestée et suivie de violences qui ont fait 100 à 800 morts selon les sources, l'ONU évoquant 400 à 500 décès.
Cependant, la réussite des législatives d'octobre 2007 a créé un petit espoir que les choses ont peut-être évolué.
"Les Togolais, notamment les acteurs politiques, ont intérêt à prouver à la communauté internationale que la bonne tenue des législatives n'était pas le fruit d'un hasard", a averti un diplomate à Lomé, sous couvert d'anonymat.
Ce scrutin réellement pluraliste, une première depuis une quinzaine d'années, a entraîné le rétablissement de la coopération des principaux bailleurs de fonds, notamment l'Union européenne, qui avaient mis le pays sur la touche en raison d'un "déficit démocratique".
A l'approche de la présidentielle, Hamidou Inoussa, responsable d'une ONG de défense des droits de l'Homme, a estimé que "l'ambiance n'est pas bonne". "Les Togolais ont peur de revivre les violences connues dans le passé".
Ces dernières semaines, l'opposition a dénoncé notamment des problèmes au niveau de la révision des listes électorales.
Pour protester, les deux poids lourds de l'opposition - l'Union des forces de changement (UFC) et le Comité d'action pour le renouveau (CAR) - avaient retiré pendant quelques jours leurs représentants à la Commission électorale.
Yawovi Agboyibo, candidat du CAR, avait aussi suspendu pendant quatre jours sa participation au scrutin tout comme la première femme briguant la présidence du Togo, Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA).
"La révision des listes électorales s'est très mal passée. Le fichier électoral a été gonflé dans des régions du nord", a dénoncé Jean-Pierre Fabre, candidat de l'UFC. Il s'est dit "inquiet" quant aux risques de dérapages violents.
L'opposant historique Gilchrist Olympio, fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant tué en 1963 lors d'un coup d'Etat ourdi par Eyadéma, ne prendra pas part à l'élection. Investi par l'UFC, il a dû renoncer pour raisons de santé.
Autre absent notable, Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d'Etat français de 1991 à 1993, sous la présidence de François Mitterrand. Sa candidature a été rejetée par la Cour constitutionnelle togolaise.
Parmi les sept candidats retenus pour briguer le quinquennat figurent aussi l'ex-Premier ministre Messan Agbéyomé Kodjo de l'Organisation pour bâtir dans l'Union un Togo solidaire (OBUTS), l'homme d'Affaires Nicolas Lawson du Parti du renouveau et de la rédemption (PRR) et Bassabi Kagbara, pour le Parti démocratique panafricain (PDP).