Les salariés des six raffineries de Total ont voté en faveur d'une grève illimitée, entamée mercredi, durcissant ainsi le mouvement de solidarité avec le site de Dunkerque menacé de fermeture définitive.
AFP - Les salariés de la branche raffinage de Total ont voté jeudi en faveur d'une "grève illimitée" dans les six raffineries françaises et de l'arrêt total de certaines unités, faisant craindre à la direction de la raffinerie de Feyzin (Rhône) des tensions sur les livraisons.
Les salariés ont voté "une grève illimitée sur l'ensemble des sites" en France, a déclaré à l'AFP Charles Foulard, délégué central CGT de Total.
"Tous les salariés ont voté à une très forte majorité une prolongation et un durcissement du mouvement", a précisé Sud dans un communiqué.
La direction de Total a dit avoir pris acte "du durcissement du mouvement" et affirme "qu'à ce stade, il n'y a pas de signes de rupture d'approvisionnement".
"Nous faisons le point au fur et à mesure que la situation évolue", a indiqué un porte-parole.
Cependant, à Feyzin, "si la grève continue, il y aura des tensions dans la région Rhône-Alpes dans les prochains jours", d'autant que des dépôts sont aussi en grève, a déclaré à l'AFP le directeur Jean-Pierre Poncin, expliquant que le pétrole est stocké dans des bacs, qui peuvent encore contenir la production "jusqu'en milieu de semaine prochaine".
David Faure, secrétaire du CE (CFDT) de Feyzin, a indiqué que "plus une goutte de pétrole ne sort depuis jeudi", ajoutant que d'habitude, 300 à 400 camions sont expédiés chaque jour.
Un mouvement à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-CFDT-Sud touche depuis mercredi matin les raffineries de Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-et-Marne), Feyzin et La Mède (Bouches-du-Rhône), ainsi que des dépôts.
La raffinerie des Flandres à Dunkerque, à l'arrêt depuis septembre, est elle aussi en grève et des salariés occupent des locaux administratifs depuis mardi.
Les grévistes soutiennent leurs collègues du site de raffinage de Dunkerque, menacé de fermeture définitive, et réclament aussi des assurances sur l'ensemble de la stratégie de Total pour le raffinage en France.
"La grève se poursuit et se durcit", a déclaré à l'AFP Christian Votte, secrétaire CGT au CCE, qui demande "un signe fort de la direction générale, à savoir avancer la date du CCE du 29 mars".
Ce CCE doit aborder l'avenir du site de Dunkerque et plus globalement des capacités de raffinage en France.
Un appel à un arrêt complet des installations a été lancé jeudi pour les sites de Donges, Grandpuits et Gonfreville-L'Orcher.
Dans les raffineries de Feyzin et La Mède, "le mouvement continue avec un fonctionnement a minima et pas d'expédition de produit", a-t-il ajouté.
Selon la direction du groupe pétrolier, le mouvement était suivi jeudi au même niveau que mercredi, où 70 à 80% du personnel posté (en équipe tournante) avaient cessé le travail dans les six raffineries.
Six dépôts étaient également touchés jeudi, contre 12 mercredi.
Selon Charles Foulard, délégué central CGT, "c'est le moment ou jamais d'en découdre avec Total sur l'avenir du raffinage en France pour lequel nous voulons une table-ronde, tout comme nous voulons une table-ronde sur le site de Dunkerque, avec Total mais aussi avec les élus".
Selon le syndicaliste, "au bout de cinq jours d'arrêt, il peut y avoir un début de pénurie d'essence dans les stations-services".
Total assure environ la moitié de l'approvisionnement des stations-service françaises, a indiqué la direction.