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La visite qui irrite Pékin

Les lobbys américains restent les principaux soutiens à la cause du Tibet libre. L'association des étudiants pour un Tibet Libre (the Students for a Free Tibet), le groupe de militants le plus actif à Dharamsala, est pratiquement exclusivement financé par les Etats-Unis.

Dharamsala - Washington : destins liés

Aux pieds de l’Himalaya, Dharamshala, le fief du Dalaï Lama, se réveille. Des les rues désertes, les derniers retardataires se pressent. Ils vont au temple. Pendant plusieurs jours, des milliers de réfugiés vont célébrer le nouvel an. Mais depuis les émeutes de Lhassa il y a 2 ans, la fête est sobre. Dans la foule en prière, nous rencontrons Porong Dorjee. Il a fui le Tibet il y a 45 ans. et vit désormais à Dharamshala. Il nous explique pourquoi la fête est dépouillée: « D’habitude, on célèbre le nouvel an avec des danses et des chants, mais à cause de l’occupation chinoise, on a décidé de porter le deuil. »

Les prières se terminent. Il est 12h. A la sortie du temple, des activistes sont en train de distribuer des drapeaux du Tibet. Ils clament haut et fort que le combat pour un Tibet libre doit continuer:
« Ca c’est notre drapeau national, c’est le symbole de notre résistance et de notre combat pour la liberté. Au Tibet, c’est illégal de le montrer.", nous dit Tenzing Choeying, le coordinateur national en Inde de "Students for a Free Tibet".

Tenzing est tibétain mais son organisation, a été créée aux Etats-Unis. Malgré les 12 000 kilomètres qui séparent New York de l’Inde, la présence américaine ici est réelle. ONG, posters d’Obama et activistes américains, comme Victoria, qui a décidé de passer sa retraite à Dharamshala. Les mains pleines de cartes sur lesquelles est marqué "I LOVE TIBET", elle nous explique:
« Ces cartes sont envoyées à Obama pour son rendez-vous avec le Dalaï Lama, un rendez-vous auquel il s’est engagé ».

La foule se disperse. La campagne de sensibilisation est désormais terminée. Nous retrouvons Tenzing dans les rues de la ville et le suivons jusqu'à ses locaux de l'organisation. Il veut nous montrer des photos, celles d’un des camps de formation qui s’est tenu ici en Inde l’année dernière, et qui met en scène des américains. Tenzing ne s'en cache pas: les Etats unis sont derrière lui: « Nous avons différents formateurs qui viennent dans nos camps. Certains d’entre eux sont des américains, des activistes environnementaux. D’autres viennent de notre siège social à New York. Ils viennent ici nous former. »

Des activistes américains apprennent aux Tibétains la lutte non violente. Mais la coopération est encore plus pointue. Des informaticiens font aussi le déplacement:
« Tous les jours on a des virus informatiques, la Chine essaye de voler notre liberté même ici, et c’est pour cela que nos amis qui maitrisent l'informatique et internet viennent en Inde pour nous former," renchérit Tenzing.

L’aide est aussi financière. 70% du budget du gouvernement tibétain en exil vient de l’étranger… et l’Etat américain est le plus gros donateur. Environ 3 millions d’euros par an sont envoyés des Etats-Unis. Des chiffres que les autorités tibétaines donnent officieusement mais refuse d'assumer.

Nous rencontrons Mrs. Kesang Yangkyi Takla, la Ministre des Affaires étrangères du gouvernement tibétain en exil. Lorsque nous lui demandons si les autorités tibétaines reçoivent de l'aide financière des Etats-Unis, le malaise s'installe:
« Non, non, aucune aide dans le domaine politique. Nous nous occupons de l’administration du gouvernement en exil. Nous n’avons besoin d’aide que pour l’éducation, pour la santé, ou pour les programmes de réinstallation des réfugiés dans les camps. » nous dit-elle.

Ce n'est pas la première fois que le Dalaï Lama sera reçu par un président américain...Mais Pekin supporte mal cette rencontre trois mois après la visite de Barack Obama en Chine.
 

Emission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett