Le légendaire pharaon Toutankhamon, mort il y a plus de 3 000 ans à l'âge de 19 ans, serait décédé d'une affection osseuse doublé de paludisme, selon une étude publiée aux États-Unis qui révèle également sa filiation, jusqu'ici incertaine.
Toutankhamon livre enfin ses secrets. Les causes de la mort du jeune pharaon disparu à 19 ans sans héritier, en 1324 avant notre ère, avaient jusqu’alors déchaîné les passions et les interprétations. Etait-il tombé d’un char, avait-t-il succombé à d’une septicémie, fut-il assassiné ? Plus de 3 000 ans après, l’ADN a parlé.
Le pharaon souffrait en fait de paludisme, facteur aggravant d’une affection détruisant
les cellules osseuses héréditaire, d’après une étude publiée mardi aux Etats-Unis par le Journal of the American Medical Association (JAMA), du 17 février.
"Ces résultats laissent penser qu'une circulation sanguine insuffisante des tissus osseux, affaiblissant ou détruisant une partie de l'os, combinée au paludisme, est la cause la plus probable de la mort de Toutankhamon" et ce à la suite d'une fracture, écrit Zahi Hawass directeur du projet et responsable du Conseil suprême des antiquités égyptiennes depuis 2002.
Toutankhamon retrouve ses parents
En plus de lever le voile sur les causes du décès du pharaon légendaire, les scientifiques ont rendu ses parents à Toutankhamon. Les tests ADN sont sans appel : le jeune pharaon est bien le fils d’Akhénaton, dont il partage le groupe sanguin et plusieurs caractéristiques morphologiques.
Les réponses restent en revanche plus incertaines concernant sa filiation maternelle. S’agit-il de la légendaire Néfertiti, épouse d’Akhenaton, ou encore de Mayati, fille d’Akhenaton et donc mère et sœur de Toutankhamon ?
Les auteurs de la recherche se sont contentés de déterminer que la mère du jeune pharaon serait la momie identifiée sous le peu romantique matricule KV35YL. Ils ont aussi identifié sa grand-mère, la reine Tye, mère d'Akhenaton.
Les experts au Caire
Les chercheurs de l’équipe de Zahi Hawass se sont appuyés sur plusieurs méthodes, dont la radiologie et l'analyse d'ADN, pour cette recherche effectuée sur 16 momies dont celle de Toutankhamon.
Cette étude semble ouvrir la voie à une nouvelle approche de recherche en généalogie moléculaire et paléogénomique des agents pathogènes de la période pharaonique. Néanmoin s, l ’utilisation de l’ADN, devenu un outil précieux pour les recherches scientifiques en matière de parenté et de pathologie, n’est pas sans faille.
"La science, c’est l’esprit critique. On est tous d’accord sur le principe du test ADN. Mais les momies sont abîmées et les traces d’ADN sont fragiles et pas très tenues. D’autant que la radiographie peut modifier les empreintes", explique à France24.com Pascal Vernus, auteur du Dictionnaire amoureux de l’Egypte pharaonique.
Les conclusions de l’étude de Zahi Hawass méritent donc d’être "relativisées", précise l’égyptologue, qui réclame "des détails sur le protocole scientifique". Selon lui, la véritable avancée de ces recherches concerne finalement moins la filiation du pharaon que ses pathologies.
"Que Toutankhamon soit le fils d’Akhenaton, on le savait déjà. Concernant sa filiation maternelle, j’attends d’en savoir plus. Qu’il soit mort du paludisme, j’en doute car on peut être porteur sain de la maladie. En revanche, les découvertes sur les carences osseuses de Toutankhamon sont une véritable avancée !", s’enthousiasme Vernus.
Toutankhamon, le pharaon "maudit", qui aurait porté malheur au britannique Howard Carter et son équipe qui l’ont découvert en 1922, momifié dans une tombe intacte de la vallée des rois aux côtés d’un fabuleux trésor, serait donc mort handicapé, atteint d’une maladie des os qui le faisait boiter. Un grand pas pour la science. Et une légende qui s’écroule…