
Le meurtre d'un jeune Égyptien attribué à des Péruviens et des Équatoriens a provoqué des troubles interethniques au cours de la nuit de samedi à dimanche à Milan. Dimanche, quatre Égyptiens ont été placés en garde à vue.
AFP - Quatre Egyptiens ont été placés en garde à vue dimanche à Milan (nord) après des affrontements entre Nord-Africains et Sud-Américains, qui ont relancé la polémique sur l'immigration en Italie à l'approche des élections régionales.
Le meurtre, à Milan, d'un Egyptien de 19 ans, attribué à des Péruviens et à des Equatoriens, a provoqué des troubles au cours de la nuit de samedi à dimanche dans un quartier peuplé principalement d'immigrants originaires d'Amérique du Sud, au nord-est de la ville.
Une centaine de jeunes originaires du nord de l'Afrique ont saccagé 17 voitures et vandalisé cinq magasins, dont la plupart appartenaient à des Sud-Américains, a rapporté l'agence Ansa. Le calme était revenu dimanche matin.
Le maire-adjoint de Milan, Riccardo De Corato, a qualifié la zone de "Far West entre bandes nord-africaines et sud-américaines".
"Il y a un climat de haine raciale ici en ce moment et j'ai peur que cela puisse recommencer dans les prochains jours", a déclaré un patron de bar du quartier.
"Ce n'est pas une vie. Il y a sans cesse du trafic de drogue, toute la journée; les quelques Italiens qui restent se planquent chez eux", a commenté un autre résident.
Pour Roberto Calderoli, ministre issu de la Ligue du Nord (parti anti-immigrés, membre de la coalition de droite au pouvoir), "nous payons pour les idéologies erronées du passé..., la politique des portes ouvertes à tous".
M. Calderoli voit dans ces événements une réminiscence des émeutes dans les banlieues de Paris en 2005. Le gouvernement est "parvenu à empêcher les immigrants clandestins d'entrer dans le pays" et doit "maintenant s'attaquer à ceux qui, à cause du (gouvernement de centre-gauche précédent), sont malheureusement déjà là", a-t-il dit.
Le ministre de la Défense Ignazio La Russa a appelé "à un maximum de rigueur" contre l'immigration clandestine. "Nous allons la combattre, sans exagérer, mais sans céder un millimètre", a-t-il dit.
L'opposition a aussitôt rétorqué qu'on "ne peut pas résoudre les questions comme celles de l'immigration par la propagande...", selon les termes de Ana Finocchiaro, présidente du groupe du Parti démocrate (PD) au Sénat.
En vertu des accords au sein de la majorité, la Ligue du Nord va briguer en mars la présidence de la région voisine du Piémont, ainsi que celle de la Vénétie.
Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé récemment l'introduction prochaine d'un permis de séjour à points pour les immigrés vivant en Italie, dont l'octroi sera conditionné entre autres par la maîtrise de l'italien à l'oral et la connaissance de la Constitution. Si l'immigré commet des infractions ou délits, il perdra des points.
Ces événements font suite aux violences anti-immigrées menées le mois dernier à Rosarno (sud) qui ont contraint un millier d'ouvriers agricoles d'origine africaine à quitter la zone. Deux experts de l'ONU avaient exprimé leur inquiétude sur des "attitudes xénophobes croissantes contre les travailleurs migrants" en Italie.
En juin 2009, Silvio Berlusconi avait suscité la polémique, en particulier avec l'église catholique, en affirmant qu'il avait l'impression de "ne plus être dans une ville italienne ou européenne mais dans une ville africaine" lorsqu'il se promenait dans sa ville de Milan.