REUTERS - Eurostar et Eurotunnel ont été sommés vendredi d’apporter des changements sur la liaison Paris-Londres dans un rapport sévère sur les incidents de décembre, qui ont vu des milliers de personnes bloquées dans le tunnel sous la Manche par des chutes de neige.

Claude Gressier, administrateur de la SNCF, et Christopher Garnett, qui occupe le même rôle pour les transports de Londres, ont présenté à Londres les conclusions de l’enquête indépendante demandée par les gouvernements français et britannique.

Le rapport d’enquête conclut que les trains d’Eurostar n’avaient pas reçu de préparation suffisante pour faire face à des conditions météorologiques hivernales sévères.

“Cet incident a provoqué une détresse chez certains passagers et a entraîné, pour d’autres, des perturbations considérables de leur projet de vacances à un moment capital”, disent les enquêteurs.

Ces derniers ont présenté 21 recommandations.

Elles suggèrent de modifier les rames de l’Eurostar, de créer des procédures efficaces d’évacuation et de secours à Eurotunnel, société privée gérant le tunnel, et d’améliorer la communication entre les sociétés et les passagers.

Le transporteur Eurostar, filiale de la SNCF, ainsi que des chemins de fer britanniques et belges, a répondu en annonçant un plan d’investissement de 30 millions de livres (34,5 millions d’euros) pour appliquer “à la lettre” les recommandations.

Une nouvelle entité juridique, censée être plus efficace, sera créée et sera présidée par le Britannique Richard Brown, actuel directeur général, qui remplacera le Français Guillaume Pépy, patron de la SNCF.

Un poste dédié à la mise en oeuvre des réformes sera confié à un autre Britannique, Richard Morris.

“Notre priorité est de regagner la confiance de nos voyageurs”, dit Richard Brown dans un communiqué.

EUROTUNNEL PRIÉ DE PRÉVOIR L’ÉVACUATION

Juste après les incidents, Eurostar et Eurotunnel, dont l’actionnaire principal est à 17,2% la banque d’affaires Goldman Sachs , s’étaient renvoyé la responsabilité du chaos.

Eurotunnel s’est félicité des conclusions des experts.

“Eurotunnel constate avec satisfaction que le rapport confirme que la sécurité des passagers et la conduite des opérations d’évacuation ont été assurées de manière efficace par Eurotunnel et les pouvoirs publics dans le tunnel sous la Manche”, peut-on lire dans un communiqué.

Mais les deux entités sont mises en cause par les conclusions de l’enquête.

Le rapport d’enquête conclut que les procédures “d’hivernage” (préparation des matériels à l’hiver) et l’entretien courant des rames n’étaient pas adaptés, alors même que les trains sont anciens.

Il n’y avait “pas de plan d’urgence adéquat” pour l’évacuation d’un train bloqué dans le tunnel, dit l’enquête, qui suggère donc à Eurotunnel d’en élaborer un.

Il faut aussi établir un lien vidéo entre Eurotunnel et les opérateurs ferroviaires, dit le rapport. Actuellement, on se contente de s’appeler au téléphone en cas de problème.

Dans un communiqué, Eurotunnel avance l’idée d’un réseau de communication numérique et promet sa coopération.

Cinq trains en provenance de Bruxelles, Paris et Marne-la-Vallée avaient été bloqués dans le tunnel les 18 et 19 décembre. C’est la condensation, dans les systèmes de traction, de neige transformée en eau par le changement de température sous le tunnel, qui a provoqué des pannes.

Les passagers avaient été bloqués pour certains une quinzaine d’heures, sans climatisation, sans lumière, sans alimentation et sans information précise

Le trafic avait été interrompu les trois jours suivants, perturbant les projets de déplacement de dizaines de milliers de personnes juste avant Noël.

Après des siècles de projets avortés, et divers déboires financiers, l’ouvrage, constitué de deux tunnels de circulation séparés par un tunnel de service, a été inauguré le 6 mai 1994.

Eurostar dit avoir transporté plus de neuf millions de passagers en 2008, et plus de 100 millions depuis sa mise en service. Il revendique un taux de ponctualité de plus de 90%.