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À Jérusalem, Friedrich Merz assure Israël du soutien "immuable" de l'Allemagne
En visite pour la première fois dans l'État hébreu depuis sa prise de fonction, le chancelier allemand l'a assuré samedi du soutien "immuable" de l'Allemagne. Friedrich Merz doit rencontrer dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu, de plus en plus isolé sur le plan international, pour discuter avec lui des efforts en vue de passer à une deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza.
Le chancelier allemand Friedrich Merz et le président israélien Isaac Herzog, lors de leur rencontre à la résidence présidentielle à Jérusalem, le 6 décembre 2025. © Abir Sultan, AP

Le chancelier allemand Friedrich Merz a assuré, samedi 6 décembre, Israël du soutien "immuable" de l'Allemagne, à l'occasion d'une première visite à Jérusalem depuis sa prise de fonctions destinée à approfondir la relation privilégiée entre Berlin et l'État hébreu après quelques frictions.

"Se tenir au côté de ce pays fait partie du noyau essentiel, immuable de la politique de la République fédérale d'Allemagne et le restera", a déclaré Friedrich Merz, dont la décision prise en août de décréter un embargo partiel sur les exportations d'armes de son pays vers Israël face à l'intensification des bombardements sur Gaza avait fortement déplu aux autorités israéliennes.

"Les actions de l'armée israélienne à Gaza nous ont posé quelques dilemmes [et] nous y avons réagi", mais "nous avons également constaté qu'à ce jour, il n'y a fondamentalement aucune divergence [entre nous]", a ajouté Friedrich Merz, qui a levé cet embargo fin novembre à la faveur du fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza depuis bientôt deux mois.

"Israël a le droit de se défendre car c'est la seule façon de garantir le droit d'Israël à exister", a-t-il encore déclaré.

Friedrich Merz doit rencontrer dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu, de plus en plus isolé sur le plan international, pour discuter avec lui des efforts en vue de passer à une deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza, dans le cadre du plan du président américain Donald Trump censé mettre un point final à la guerre déclenchée le 7 octobre 2023.

"Rôle constructif"

La visite de Friedrich Merz est destinée à consolider la relation privilégiée entre l'Allemagne et Israël, malgré ses récentes prises de distance en réaction à l'ampleur de la guerre menée par Israël à Gaza en représailles au 7-Octobre, ou aux violences de colons juifs extrémistes en Cisjordanie occupée.

Avant son départ, Friedrich Merz avait appelé au téléphone le président palestinien Mahmoud Abbas pour l'exhorter à mettre en œuvre des "réformes urgemment nécessaires" pour pouvoir "jouer un rôle constructif" dans la bande de Gaza après la guerre.

Durant l'entretien, il a également dénoncé "l'augmentation massive de la violence des colons [israéliens] contre les civils palestiniens" en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967, selon le porte-parole du gouvernement allemand Stefan Kornelius.

De même source, il a aussi salué "l'attitude coopérative" de l'Autorité palestinienne vis-à-vis du plan de paix de Donald Trump pour Gaza et réitéré le soutien de Berlin à une solution à deux États, Israël et la Palestine vivant en sécurité dans des frontières mutuellement, propos qu'il a répétés devant M. Herzog alors que le gouvernement de M. Netanyahu ne veut pas d'un Etat palestinien indépendant.

Lors d'une brève escale samedi à Aqaba, dans le sud de la Jordanie, où il a rencontré le roi Abdallah, II, Friedrich Merz a appelé à ce que plus d'aide humanitaire soit acheminée à Gaza et à ce que les combattants du Hamas déposent les armes.

Selon un communiqué du palais royal, le roi Abdallah a souligné "la nécessité de s'engager à mettre en œuvre toutes les étapes de l'accord pour mettre fin à la guerre et fournir une aide humanitaire à toutes les zones de la bande de Gaza" et mis en garde contre la poursuite de "l'escalade (des violences) israéliennes en Cisjordanie".

"Grandes attentes"

En raison de sa responsabilité historique dans la Shoah, l'Allemagne est l'un des plus grands soutiens d'Israël. Dimanche, Friedrich Merz doit aussi aller au mémorial Yad Vashem pour honorer la mémoire des victimes juives des nazis.

Mais, ces derniers mois, le ton de Berlin à l'égard d'Israël s'était durci à mesure que la situation humanitaire dans la bande de Gaza se détériorait de manière dramatique.

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas reste très fragile, les deux camps s'accusant de façon quasi-quotidienne de le violer, ce qui augure mal de la réalisation du plan du président américain pour mettre fin à la guerre.

Immédiatement après sa victoire aux législatives, fin février, Friedrich Merz avait assuré que Benjamin Netanyahu pourrait effectuer un déplacement en Allemagne malgré le mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerres et contre l'humanité dans la bande de Gaza.

Mais ce n'est "pas un sujet pour le moment", a récemment souligné la chancellerie.

Désormais, Benjamin Netanyahu a de "grandes attentes" et espère un "signal de soutien continu" de Berlin, a dit à l'AFP Michael Rimmel, le directeur à Jérusalem de la Fondation Konrad-Adenauer, étroitement affiliée aux chrétiens-démocrates (CDU) de M. Merz.

Avec AFP