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Marseille : le frère d'un militant antinarcos Amine Kessaci tué par balles en plein jour
La famille d'Amine Kessaci, jeune écologiste marseillais de 22 ans connu localement pour son combat auprès des proches victimes du narcobanditisme après la mort barbare de son grand frère en 2020, a été de nouveau endeuillée jeudi novembre avec l'assassinat en plein jour de son petit frère.
Amine Kessaci, à Marseille, dans le sud-est de la France, le 27 mai 2024. © Nicolas Tucat, AFP

Un nouveau drame vient endeuiller la famille du militant Amine Kessaci. Vingt ans après la mort de son grand frère, le petit frère du jeune écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcobanditisme, a été tué jeudi 13 novembre en plein jour à Marseille. 

Aux alentours de 14 h 30, un jeune homme de 20 ans, inconnu des services de police et de justice, a été abattu par balle dans le 4e arrondissement de Marseille, à deux pas de la plus grande salle de concert de la ville, a indiqué dans un communiqué le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, sans donner l'identité de la victime.

"Une moto s'est portée à hauteur du véhicule de la victime qui venait de se garer. Le passager arrière de la moto a tiré à plusieurs reprises sur la victime, qui était toujours dans son véhicule. Plusieurs étuis de 9 mm ont été retrouvés sur place", détaille le procureur.

L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère du militant associatif et écologiste marseillais Amine Kessaci, confirmant une information de La Provence.

Christine Juste, adjointe écologiste au maire de Marseille et proche d'Amine Kessaci, a confirmé à l'AFP, en pleurs, l'identité de la jeune victime. "J'ai énormément de peine pour mon ami et sa maman, aucune mère ne devrait vivre cela, la perte de deux enfants. Et je suis en colère qu'on puisse, dans la 2e ville de France, assassiner aussi facilement en plein jour des gens", a-t-elle déclaré.

La cheffe des Écologistes Marine Tondelier a souligné dans un message sur X les "circonstances atroces" de la perte de ce deuxième frère "qui voulait devenir policier". "Nous serons là pour toi. Aujourd'hui et tous les jours qui suivront", a-t-elle également lancé à l'attention de son camarade qui s'était présenté aux européennes en 2024.

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade.

Lutte contre le narcobanditisme

Mais, selon une source proche de l'enquête interrogée par l'AFP, Amine Kessaci était placé sous protection judiciaire depuis la parution d'un livre à la rentrée, une longue lettre adressée à son grand frère Brahim tué dans un narchomicide.

La vie de ce jeune passionné de politique, qui a grandi dans une cité des quartiers nord, a basculé en 2020, lors d'un triple assassinat barbare qui a notamment touché Brahim, victime de tirs par arme à feu et dont le corps a ensuite été retrouvé carbonisé dans un véhicule près de Marseille.

Il crée alors l'association Conscience pour aider les familles, juridiquement et psychologiquement, et changer le regard sur ces morts qu'il considère comme des victimes.

Après d'ultimes recours d'un des mis en cause rejetés par la Cour de cassation début novembre, ce dossier devrait être jugé dans l'année à venir.

Brahim était le seul à être tombé dans la drogue parmi une fratrie de six, avait assuré à l'AFP Amine Kessaci à l'occasion d'un portrait en 2024 consacré à ce minot des quartiers nord de Marseille, estampillé "société civile", qui s'était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint pour porter la voix de la jeunesse et des quartiers populaires mais avait perdu de peu, face au Rassemblement National (RN).

"La politique ne m'a jamais tendu la main, alors j'ai décidé de la prendre à la gorge (...). Brahim, c'est toi qui m'a jeté dans ses bras le jour où tu as brûlé dans une voiture", écrit Amine Kessaci dans son livre "Marseille, essuie tes larmes", publié par la maison d'édition marseillaise Le Bruit du monde.

Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Avec AFP