Malgré quelques couacs et contestations, le second tour de l'élection présidentielle entre John Atta Mills, chef de l'opposition, et Nana Akufo-Addo, issu du parti au pouvoir, s'est déroulé sans incident.
Reuters - Le second tour de l'élection présidentielle au Ghana, qui désignera un successeur au président sortant John Kufuor, se déroulait dimanche dans le calme, malgré quelques dysfonctionnements et contestations, selon les autorités électorales.
A midi, la participation semblait moins importante que lors du premier tour. "Tout s'est globalement déroulé dans le calme", a assuré Albert Arhin, directeur de la commission électorale, à Reuters.
Le scrutin s'annonce serré entre Nana Akufo-Addo, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), au pouvoir, et John Atta Mills, représentant du Congrès démocratique national (NDC) d'opposition.
Dans la capitale Accra et à travers tout le pays, les files d'attente formées à l'extérieur des écoles et des bâtiments publics transformés en bureaux de vote, sous l'oeil attentif de l'armée et de la police, semblaient plus courtes que trois semaines auparavant, lors du premier tour.
Toutefois, les électeurs ne sont plus appelés qu'à se prononcer que la présidentielle, et non plus, comme au premier tour, sur les législatives, a rappelé Arhin, soulignant que le vote se déroulait de ce fait un peu plus vite.
Une forte participation, supérieure à 70%, pourrait favoriser Akufo-Addo, estiment certains analystes, tandis qu'une mobilisation moindre renforcerait les chances de Mills.
Akufo-Addo est arrivé en tête du premier tour le 7 décembre, avec 49% des suffrages et un peu plus d'un point de pourcentage sur son rival, mais sous le seuil des 50% nécessaire pour l'emporter.
IRRÉGULARITÉS ET INTIMIDATIONS ?
La campagne électorale a été marquée par de rudes échanges verbaux et le NDC a protesté auprès des autorités électorales contre des irrégularités.
Alors qu'il votait, John Atta Mills a déclaré avoir entendu des rapports d'irrégularités et d'intimidation contre les électeurs de son parti, le NDC. Il a demandé aux autorités de s'assurer de l'équité du vote. Nana Akufo-Addo a quant à lui appelé les Ghanéens à se mobiliser en nombre.
Mais les observateurs internationaux ont salué un scrutin méthodique, libre et équitable, et un modèle de démocratie sur un continent marqué cette année par plusieurs débâcles électorales. Quelque 12,4 millions de personnes, sur une population de 23 millions d'habitants, étaient appelés aux urnes pour désigner un successeur à John Kufuor, qui met fin à ses fonctions après deux mandats, comme le prévoit la Constitution.
Ce scrutin est considéré comme l'occasion de redonner une certaine crédibilité démocratique à l'Afrique après les violences post-électorales qui ont éclaté cette année au Kenya ou au Zimbabwe. A cela se sont ajoutés deux coups d'Etat, l'un en Mauritanie en août, l'autre en Guinée à la veille de Noël.
L'enjeu du scrutin est aussi économique: le pays, deuxième producteur mondial de cacao derrière son voisin ivoirien, deuxième producteur d'or du continent après l'Afrique du Sud, se prépare à extraire du pétrole en quantités industrielles à
partir de la fin 2010.
Les analystes n'écartent pas certains risques à l'issue de l'élection. Le NPP a perdu sa majorité au parlement à l'issue des élections législatives qui se tenaient en même temps que le premier tour de la présidentielle.
Deux des 230 sièges de l'Assemblée nationale restent à attribuer par la commission électorale mais le NCD détient déjà 114 sièges contre 108 au NPP.
Le prochain président du Ghana, qu'il vienne des rangs de l'un ou l'autre parti, devra probablement faire face à une chambre difficile à contrôler, prédit Sebastian Spio-Garbrah, de l'institut Eurasia Group.
La coopération post-électorale sur des questions de base comme le vote du budget ou la confirmation des ministres pourrait être entravée, ajoute-t-il.
Sous la présidence de Kufuor, le pays a connu une période de forte croissance économique, de l'ordre de 5 à 6% par an, et Nana Akufo-Addo promet de maintenir cet élan, malgré les retombées de la crise financière internationale.
Le gouvernement sortant a baissé les prix du carburant le 11 décembre dernier, se voyant accusé en retour par l'opposition de tenter d'acheter les voix des électeurs.