
Le leader de la majorité républicaine au Sénat, John Thune (à droite), accompagné du président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson (à gauche), au Capitole, à Washington, le 1er octobre 2025. © Brendan Smialowski, AFP
Le Sénat américain a affiché, mercredi 1er octobre, le grand écart persistant entre démocrates et républicains avec l'échec d'un vote visant à sortir les États-Unis de la paralysie budgétaire, au premier jour de ce shutdown qui met à l'arrêt les services fédéraux considérés comme non essentiels.
Un texte proposé par les républicains, qui aurait prolongé le financement de l'État fédéral jusqu'à fin novembre, n'a reçu que 55 voix, dont celles de trois démocrates, encore trop loin des 60 nécessaires pour son adoption.
Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis au chômage technique depuis minuit et de fortes perturbations sont attendues pour les usagers des services publics. Une situation très impopulaire aux États-Unis, inédite depuis sept ans, et dont les deux camps se rejettent la responsabilité.
"Les démocrates ont fermé les services de l'État", affirme la Maison Blanche dans un message sur son site accompagné d'une horloge qui fait le décompte du blocage.
L'opposition dit de son côté regretter l'absence de réelles négociations avec les républicains. Les chefs démocrates au Congrès, Hakeem Jeffries et Chuck Schumer, ont aussi dénoncé dans un communiqué conjoint le comportement "irrationnel et détraqué" de Donald Trump.
"Au lieu de négocier un accord entre les deux partis de bonne foi, il poste de manière obsessive des trucages vidéos", ont-ils affirmé.
"Vous ne pouvez pas récompenser la prise d'otages"
Le président a publié lundi sur sa plateforme Truth Social une vidéo générée par l'intelligence artificielle montrant Hakeem Jeffries affublé d'une longue moustache et d'un sombrero mexicain. Un montage "raciste", a cinglé le principal intéressé.
Sur Fox News, le vice-président J. D. Vance s'est dit mercredi prêt à négocier avec les démocrates, mais seulement après la fin du blocage. "Vous ne pouvez pas récompenser la prise d'otages", a-t-il soutenu.
Pour l'heure, les républicains proposent une simple extension du budget actuel jusqu'à fin novembre, tandis que les démocrates exigent la prolongation de programmes publics d'assurance santé pour les plus démunis.
Donald Trump n'est pas étranger aux shutdowns puisque le dernier remonte à son premier mandat, de décembre 2018 à janvier 2019, soit un record de 35 jours.
"On ne sait pas combien de temps les démocrates maintiendront leur posture intenable, rendant la durée du shutdown compliquée à prédire", a affirmé le directeur du Bureau du budget à la Maison Blanche, Russell Vought, dans une lettre aux responsables de services ministériels.
Face à l'image désastreuse qu'une paralysie budgétaire renvoie aux Américains, les républicains espèrent cependant que suffisamment de sénateurs démocrates céderont et voteront leur texte pour mettre fin au blocage.
Le Bureau budgétaire du Congrès estime qu'environ 750 000 fonctionnaires seront chaque jour au chômage technique. Le trafic aérien pourrait être affecté, le versement de certaines aides sociales devrait être fortement perturbé.
Vers une baisse de la croissance
Les parcs nationaux seront également privés des "rangers" chargés d'en assurer le maintien, alors que commence la saison du changement de couleur des feuilles d'arbre, un événement annuel auquel assistent des millions de touristes aux États-Unis.
Sur le site de la Nasa, un message dit que l'agence spatiale "est actuellement fermée en raison d'une interruption du financement gouvernemental".
Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point.
La Bourse de New York a ouvert en baisse mercredi, alors que la publication de certaines données économiques risque d'être reportée en raison du shutdown.
S'il a dit vouloir éviter la paralysie, Donald Trump se montre aussi menaçant envers l'opposition.
"Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des shutdowns, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates", a-t-il prévenu mardi.
Une allusion à son intention de profiter du gel de certaines administrations pour poursuivre sur la lancée du Département à l'efficacité gouvernementale (Doge) de son ex-allié Elon Musk et limoger des milliers de fonctionnaires fédéraux.
Avec AFP