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Au Guyana riche en pétrole, une présidentielle sur fond de tensions avec le Venezuela
Au Guyana, les électeurs sont appelés aux urnes ce lundi pour une présidentielle qui se joue entre trois favoris, le président sortant Irfaan Ali, l'opposant Aubrey Norton et le populiste Azruddin Mohamed, parfois surnommé le "Trump Guyanien". Outre la manne de pétrole, le président devra aussi gérer l'épineux dossier de l'Essequibo, qui fait l'objet d'un différend frontalier avec le Venezuela.
Des partisans du candidat à la présidentielle Azruddin Mohamed rassemblés à Georgetown, au Guyana, le 30 août 2025. © Joaquin Sarmiento, AFP

Le Guyana élit lundi 1er septembre son nouveau président appelé à gérer l'énorme manne pétrolière de ce pays pauvre d'Amérique du Sud disposant des plus grandes réserves de la planète par habitant, sur fond de tensions avec le Venezuela voisin.

L'armée et la police du Guyana ont dénoncé des "coups de feu" tirés dimanche depuis le Venezuela sur un bateau transportant du matériel électoral dans la région de l'Essequibo que convoite Caracas. Aucun blessé n'est à déplorer, de même source.

Les bureaux de vote seront ouverts de 6 h à 18 h. Les résultats de ces scrutins législatifs et présidentiel, auxquels 750 000 électeurs sont convoqués, sont attendus au mieux jeudi, d'après la Commission électorale. Ces élections sont complexes d'un point de vue logistique, la forêt tropicale recouvrant à plus de 95 % ce pays de 850 000 habitants.

Trois prétendants principaux

Selon la plupart des observateurs, le vote se joue entre trois prétendants : le président sortant Irfaan Ali (Parti populaire Progressiste PPP/C, centre gauche), l'opposant Aubrey Norton (APNU, Partenariat pour une nouvelle unité, gauche) et le populiste Azruddin Mohamed, parfois surnommé le "Trump Guyanien", milliardaire qui vient de créer son parti WIN (Gagner/Nous investissons dans la nation) pour bouleverser le système bipartite.

Le vote se dessine traditionnellement autour des lignes ethniques entre les populations d'origine indienne (PPP/C), et celles afro-guyaniennes (APNU). Avec cette fois-ci, l'émergence de l'acteur surprise Azruddin Mohamed.

Les candidats à la présidentielle - six au total - sont présentés par un parti qui propose aussi des candidats à la députation. Est élu président le candidat dont le parti a recueilli le plus de voix.

Le vainqueur aura en charge la manne pétrolière qui a permis de quadrupler en cinq ans le budget de l'État (6,7 milliards de dollars en 2025). Le pays, qui a commencé l'exploitation pétrolière en 2019, espère faire passer sa production de 650 000 barils par jour à plus d'un million en 2030. Le Guyana a la plus forte croissance d'Amérique latine (43,6 % en 2024).

Dossier de l'Essequibo

Le président devra aussi gérer l'épineux dossier de l'Essequibo (ouest), riche en pétrole et minerais, qui représente deux tiers du territoire guyanien et fait l'objet d'un différend avec le Venezuela, les deux pays s'opposant sur le tracé de leur frontière.

Les favoris promettent tous trois de "mettre plus d'argent dans les poches" des Guyaniens, de développer le pays avec l'argent du pétrole, d'améliorer les services de santé et d'éducation ou d'augmenter les salaires, sur fond d'explosion des prix des denrées alimentaires.

Le sortant Irfaan Ali vise un deuxième mandat de cinq ans. Il a fait campagne sur ses réalisations financés par les nouveaux revenus pétroliers et affirme qu'"il y a plus à faire".

L'opposant Aubrey Norton accuse, lui, le gouvernement de corruption et de racisme et promet de débarrasser la société "de tous (ses) ennemis", à savoir "le Venezuela", "le PPP" et "la pauvreté".

Azruddin Mohamed, qui a fait fortune dans l'extraction aurifère et est sanctionné par les États-Unis pour évasion fiscale, promet un coup de pied dans la fourmilière. Il affirme pouvoir l'emporter "parce que nous avons le soutien des communautés noires, indiennes et autochtones".

Avec AFP