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Le procès du crash du Concorde s'ouvre, 10 ans après le drame

Le tribunal de Pontoise accueille le procès du crash d'un Concorde sur un hôtel de Gonesse, en juillet 2000. Les cinq prévenus ainsi que la compagnie Continental Airlines sont poursuivis pour "homicides involontaires".

Près de dix ans après le crash d’un Concorde d’Air France à destination de New York sur un hôtel de Gonesse (Val-d’Oise), le 25 juillet 2000, avocats et experts de l’aéronautique vont tenter, mardi, au tribunal de Pontoise, où la salle d’audience a été spécialement agrandie, de faire la lumière sur les circonstances d’un drame qui a mis fin à l’aventure du supersonique (après 15 mois d’immobilisation consécutive à la catastrophe, puis une brève reprise, l’avion a effectué son dernier vol en octobre 2003).

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Le procès va tenter de déterminer "qui savait quoi, qui n’a pas agi alors qu’il savait quelque chose et est-ce que cette personne peut être poursuivie", explique Ronald Schmid, expert en aviation civile.

Il aura fallu huit ans d’instruction pour déterminer les responsabilités pénales du drame dans lequel 113 personnes ont trouvé la mort dont quatre au sol. Six personnes devront répondre de leur responsabilité, mardi.

Selon les conclusions du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), la catastrophe a été provoquée par une lamelle en titane perdue par un DC10 de la compagnie Continental Airlines qui avait décollé de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle juste avant le Concorde. Un pneu de l’avion aurait éclaté après avoir roulé sur cette pièce. Les projections ont crevé un réservoir, provoquant une fuite de carburant qui s'est enflammé. Mais Continental Airlines continue de nier toute responsabilité et soutient que le supersonique avait pris feu avant de rouler sur la pièce de titane.

"Plusieurs témoins déclarent que l'incendie du Concorde a démarré environ 800 mètres avant la rencontre avec cette pièce, affirme l'avocat de la compagnie américaine, Me Olivier Metzner. Et nous allons le démontrer !"

Six prévenus sur le banc

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Focus : Le crash du Concorde en procès
Le procès du crash du Concorde s'ouvre, 10 ans après le drame

Continental Airlines et les cinq autres prévenus sont poursuivis devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour homicide involontaire. John Taylor, l’un des employés de la compagnie, est accusé d’avoir mal fabriqué et fixé la lamelle. Selon son avocat, il ne sera pas présent au procès. La justice reproche, en outre, à son supérieur, Stanley Ford, de ne pas avoir vérifié son travail.

Henri Perrier et Jacques Herubel, du programme Concorde à l'Aérospatiale, sont quant à eux accusés de ne pas avoir cherché à renforcer la protection des réservoirs de carburant de l’avion supersonique.

La justice poursuit également Claude Frantzen, cadre de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), pour avoir sous-estimé les incidents passés dans l’historique de l’appareil.

Le "procès du crash d'un avion vide"

Sur le banc des parties civiles, Air France tient Continental Airlines pour seule responsable de l’accident, bien que le BEA eût relevé des défaillances dans la maintenance des Concorde de la compagnie aérienne française.

"La crevaison d’un pneu ou de plusieurs ne peut pas provoquer le crash. Cela a été le cas ici parce que le Concorde présentait des faiblesses", estime Me Roland Rappaport, selon qui "ces fragilités étaient connues depuis 1979, 21 ans avant l’accident". L’avocat défend les intérêts de la famille du commandant de bord du Concorde, Christian Marty, partie civile dans le procès avec les proches des familles des quatre victimes au sol.

Ayant touché une forte indemnisation, la majorité des familles des passagers de l’avion a renoncé aux poursuites. "C'est une première, je n'ai pas réussi à faire citer des familles comme témoins, souligne Stéphane Gicquel à l’AFP, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'accidents collectifs (Fenvac). On dirait le procès du crash d'un avion vide."