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Les récentes victoires israéliennes au Moyen-Orient, notamment face au Hezbollah avec l'élimination de son chef historique Hassan Nasrallah, semblent profiter à la cote de popularité du Premier ministre israélien. Le parti de Benjamin Netanyahu, le Likoud, a repris début août sa première place dans les sondages et décrocherait aujourd'hui 25 sièges à la Knesset en cas d'élections anticipées.

On le considérait comme fini politiquement. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu semble retrouver lentement la confiance des Israéliens, alors qu’une offensive terrestre de l’armée israélienne dans le sud du Liban a été annoncée mardi 1er octobre, après une semaine d'intenses bombardements qui ont fait des centaines de morts à travers le pays du Cèdre.

Une dynamique qui se reflète dans les récentes enquêtes d’opinion auprès de la population israélienne, qui montre un rebond de sa cote de popularité. Le Likoud de "Bibi", qui détient actuellement 32 des 120 sièges à la Knesset, arriverait en tête avec 25 sièges si des élections législatives étaient organisées, devançant le Parti de l’unité nationale de Benny Gantz, qui obtiendrait 21 sièges, selon un sondage diffusé le 29 septembre par la chaîne israélienne de gauche Keshet 12. Un autre sondage, diffusé le 9 août dans le quotidien Maariv, indiquait que le Likoud décrocherait 22 sièges – soit une première place dans les sondages, du jamais-vu pour le Likoud depuis les attaques du 7 octobre 2023.

"Benjamin Netanyahu a été déclaré fini politiquement à maintes reprises depuis le 7 octobre, mais il est évident que nous nous sommes souvent trompés à son sujet", analyse Vincent Lemire, professeur d'histoire à l'université Gustave-Eiffel et ancien directeur du Centre de recherche français à Jérusalem. "Il tente d'effacer l'humiliation et le fiasco sécuritaire des attaques du 7 octobre dont il porte la responsabilité par des victoires tactiques spectaculaires ces dernières semaines."

"Pas d'otages israéliens au Liban" 

En l’espace d’un an, Benjamin Netanyahu a réussi à se redresser politiquement, après une chute spectaculaire de sa popularité auprès d'une population choquée et en colère face aux failles sécuritaires mises en lumière par les attaques du Hamas le 7 octobre. Déjà fragilisé depuis plusieurs mois par une réforme judiciaire controversée, la débâcle s’était traduite dans les sondages, qui indiquaient que le Likoud ne recueillerait pas plus de 17 sièges de députés –  soit la moitié de son groupe actuel – en cas d'élections anticipées.

Le Premier ministre israélien semble ainsi bénéficier des dernières victoires enregistrées par l'État hébreu face à ses ennemis régionaux, notamment l'Iran et le Hezbollah, malgré les craintes d'une escalade dangereuse au Proche-Orient. Parmi ces succès, l'élimination du chef historique du Hezbollah Hassan Nasrallah, samedi, mais aussi celle fin juillet, de Fouad Chockr, principal commandant militaire de la milice chiite, et d'Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, ou encore la spectaculaire explosion de milliers de bipeurs et talkies-walkies aux mains de membres du Hezbollah il y a deux semaines au Liban et en Syrie.

"L'opération au Liban suscite beaucoup plus de consensus que celle à Gaza, car il n'y a pas d'otages israéliens au Liban", observe Vincent Lemire, tout en exprimant des doutes quant à la capacité de Benjamin Netanyahu à convertir ses victoires tactiques en gains politiques. L’objectif affiché par Israël pour son opération au Liban étant de permettre à quelque 60 000 Israéliens déplacés de retourner chez eux, dans le Nord, près de la frontière.

"Réussira-t-il à transformer ce nouveau rapport de force sur le terrain en une solution diplomatique et politique avec ses voisins ? Ou continuera-t-il à avancer sans plan ?", interroge l’expert. "Le vrai risque est une fuite en avant et une extension du conflit vers l’Iran."

Nouvelle entrée au sein de la coalition 

Parallèlement au conflit, le Premier ministre a consolidé son emprise sur le pouvoir en intégrant un rival à son cabinet. Gideon Saar, autrefois membre du front anti-Netanyahu, a été nommé ministre dimanche après plusieurs semaines de négociations. Bien qu’il ait renoncé au poste de maroquin de la Défense, il occupe désormais un rôle de ministre sans portefeuille et siège au sein du cabinet de sécurité.

Quand Benjamin Netanyahu change les récentes victoires israéliennes en gains politiques

Sa nomination au gouvernement représente un avantage stratégique pour Benjamin Netanyahu, qui élargit sa coalition grâce aux quatre sièges de Nouvel espoir, le parti fondé par Gideon Saar. Un mouvement qui contribue à diminuer l’influence, au sein de la coalition, des ultranationalistes Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, qui ont menacé de renverser le gouvernement si trop de concessions étaient faites dans le cadre d’un potentiel cessez-le-feu.

Si cette manœuvre politique a pour objectif de neutraliser les factions qui s'opposent, au sein du gouvernement, à un nouvel accord sur l’incorporation des ultraorthodoxes dans l’armée, elle doit permettre, surtout, de garantir la stabilité de la coalition jusqu'aux élections prévues en novembre 2026.

"Le roi Bibi est de retour", assure auprès du New York Times l'ancien ministre Nachman Shai. "Si vous comparez le Bibi d’aujourd'hui au Bibi d’il y a dix mois, vous verrez qu'il a changé. Il est plein de confiance." 

Un regain de popularité à nuancer. Comme en témoignent les manifestations récurrentes pour réclamer un accord de cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération des otages toujours retenus par le Hamas, Benjamin Netanyahu est loin de faire l'unanimité dans son pays. Il tire surtout parti d'une absence d'opposition forte capable de proposer une alternative au pouvoir. Son rival centriste Benny Gantz a vu sa popularité décliner depuis son départ du cabinet de guerre en juin, tandis que Yaïr Lapid, leader de la principale force d'opposition, a également perdu en crédibilité depuis son court mandat en tant que Premier ministre en 2022.