logo

Une saison historique pour Caitlin Clark, la surdouée du basket féminin qui suscite les jalousies
En à peine cinq mois, la basketteuse Caitlin Clark a déjà marqué de son empreinte le championnat nord-américain. Surmédiatisée avant même son passage chez les professionnelles, la jeune rookie a répondu aux attentes. Même si son équipe n'a pas atteint les finales, elle a enchaîné les records et pulvérisé les audiences.

"J'estime avoir vécu une année solide, mais la partie amusante est que je pense avoir seulement gratté la surface. Je vais pouvoir continuer à m'améliorer." Après la défaite de son équipe d'Indiana Fever au premier tour des playoffs de la WNBA, mercredi 25 septembre, Caitlin Clark s'est déjà tournée vers l'avenir. La basketteuse de 22 ans, nommée rookie de l'année, meilleure jeune joueuse du championnat, a assuré aux fans que le meilleur était à venir.

Depuis des mois, la meneuse de 1 m 83 fait face à une pression phénoménale. Après avoir enchaîné les performances avec son équipe universitaire des Iowa Hawkeyes en devenant la meilleure marqueuse de l'histoire de la NCAA (le championnat universitaire) – femmes et hommes confondus –, Caitlin Clark était attendue au tournant pour ses débuts professionnels.

Des records en série

Draftée en première position en avril par l'Indiana Fever, la joueuse a fait passer en une saison la WNBA (Women's NBA) dans une autre dimension. Après des premiers matches poussifs en juillet marqués par une adresse médiocre et des pertes de balles en pagaille, elle s'est ensuite ressaisie pour enchaîner les records.

Elle a ainsi battu ceux du nombre de passes décisives sur une saison (337) et sur un match (19). Elle est également devenue la première rookie à réaliser un triple-double, tout comme à inscrire le plus grand nombre de points sur une saison (769) grâce notamment à ses trois points en série. Avec une moyenne de 8,4 passes par match, elle a logiquement été couronnée par le titre de rookie de l'année.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Sensationnelle sur le terrain, la joueuse, qui compte 2,9 millions de "followers" sur Instagram, attire aussi les sponsors. Après son arrivée chez les pros, elle a signé un contrat de 28 millions de dollars avec l'équipementier Nike. Elle est aussi devenue la première joueuse – femmes et hommes confondus – à avoir son ballon à son nom avec la marque Wilson depuis Michael Jordan.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Dans les gradins, sa simple présence attire également les foules. Elle a fait exploser les compteurs de son équipe avec plus de 17 000 spectateurs en moyenne à domicile, et un record à près de 21 000. Son immense popularité a profité à toute la WNBA, qui a annoncé un nouveau contrat de diffusion sur 11 ans, estimé à 200 millions de dollars par an, plus du triple du montant précédent. La ligue a aussi signé avec trois nouvelles franchises, portant la compétition à quinze équipes en 2026.

"Clark leur vole la vedette"

Mais cette mise en lumière ne lui attire pas que de la bienveillance. Pressentie pour faire partie de l'équipe américaine lors des Jeux olympiques de Paris, Caitlin Clark n'a finalement pas été retenue. Selon George Eddy, l'ancien commentateur vedette des matches NBA sur Canal+, la meneuse aurait été écartée par les autres membres de Team USA en raison d'une guerre d'ego. "C’est la nouvelle Michael Jordan mais les autres joueuses de l’équipe ne l’aiment pas. Elles sont totalement imbuvables et ne veulent pas d’elle parce que Clark leur vole la vedette", a-t-il expliqué dans les pages de La Voix du Nord.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Lors de ses premiers matches professionnels, la basketteuse a ainsi connu un traitement de bienvenue un peu musclé avec des fautes flagrantes. L'ancienne star de la NBA Charles Barkley est d'ailleurs monté au créneau pour dénoncer l'attitude des autres joueuses : "Ces dames, et je suis un fan de la WNBA, elles ne pourraient pas faire pire avec Caitlin Clark, même si elles essayaient. Il y a eu tellement de négativité et c’est souvent de la jalousie mesquine."

La légende LeBron James fait aussi partie de ses défenseurs. Le joueur des Lakers publie régulièrement des messages sur son compte X pour la soutenir. "Coucou les haters", a-t-il ainsi écrit lorsque la basketteuse est devenue fin août la première joueuse de l'histoire de la WNBA avec un match à plus de 30 points et plus de 12 passes décisives.

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Légende de la WNBA, Nancy Lieberman s'est aussi positionnée de son côté et a regretté le mauvais traitement réservé à la rookie de l'année : "De joueuse à joueuse, je veux seulement lui dire merci pour avoir élevé notre jeu (...). Tu vas rendre toutes ces femmes multimillionnaires un jour. Comme Tiger (le golfeur Tiger Woods, NDLR) ou Michael Jordan l'ont fait. Nous ne devrions pas la détester. Nous devons la célébrer."

Deux Amériques

Cette animosité à l'encontre de la joueuse s'est même déplacée sur le terrain politique. Pour certains médias américains, cette polémique reflète deux Amériques. Dans un article, le Los Angeles Times a ainsi estimé que la joueuse bénéficiait d'une incroyable mise en avant en raison de ses origines : "Dans une ligue où environ 70 % des joueuses sont noires, dans laquelle un tiers s'identifient comme membres de la communauté LGBT+ et dont la plupart viennent d'un environ urbain, Clark est blanche, hétérosexuelle et vient de l'Iowa."

"Pour les joueuses vétéranes qui se démènent depuis des années avec un petit salaire, des voyages en vols commerciaux et peu d'intérêt des médias, l'attention (...) portée à Clark (...) a généré de l'amertume", souligne ainsi le journal californien. "Pour elles, ce n'est pas seulement le basket-ball qui est en jeu, ni même un problème avec Clark, mais plutôt avec la machine à succès qui l'a béatifiée."

Pour preuve, A'ja Wilson, la star des Aces de Las Vegas, MVP – meilleure joueuse – de la saison, avait ainsi abondé dans ce sens en mai au sujet de l'immense médiatisation de la jeune joueuse. Interrogée par AP, elle avait souligné qu'il s'agissait bien d'une question "de race" :  "Beaucoup de gens peuvent dire que cela n'a rien à voir avec les Noirs et les Blancs mais pour moi, c'est le cas. Nous ne sommes pas considérées comme un choix de premier ordre en tant que femmes noires et certaines personnes ne veulent pas le voir. Nous ne sommes pas considérées comme commercialisables même si nous travaillons dur. Peu importe ce que nous faisons en tant que femmes noires, nous serons toujours balayées sous le tapis."

Sollicitée par les médias pour donner son avis à ce sujet, Caitlin Clark avait dans un premier temps assuré qu'elle était juste là "pour jouer au basket-ball" avant d'affirmer qu'il "n'était pas acceptable" pour elle que des personnes l'utilisent pour promouvoir leurs propres idées à visée raciste et sexiste : "J'ai grandi en admirant cette ligue et en voulant en faire partie. Certaines de ces joueuses étaient mes idoles et mes modèles. Traiter chaque femme de cette ligue avec le même niveau de respect est un principe humain basique que chacun doit respecter."

Après des mois intenses sur et en dehors des terrains, la joueuse aspire aujourd'hui à un peu de repos. Alors que son équipe n'a pas réussi à se qualifier pour les finales de la WNBA, elle a annoncé qu'elle allait s'éloigner du tourbillon médiatique pour revenir à son meilleur niveau pour la prochaine saison : "J'ai l'impression que le basket-ball a vraiment consumé ma vie depuis un an. Je vais prendre du temps pour moi, en profiter et faire le point. Cela a été très spécial."

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

Avec AP et Reuters