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Jeux paralympiques : de l'or et le record du monde, Alexandre Leauté commence sa moisson sur piste
De notre envoyé spécial au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines – Le Français Alexandre Leauté, 23 ans, n'a pas déçu pour son entrée en lice aux Jeux paralympiques. Alors que la délégation française compte sur lui pour ramener plusieurs médailles en cyclisme, il a conquis facilement la première sur la poursuite battant au passage son propre record du monde.
Jeux paralympiques : de l'or et le record du monde, Alexandre Leauté commence sa moisson sur piste

La première d'une longue série ? 24 heures après la médaille d'argent de Marie Patouillet au même endroit, le Français Alexandre Leauté a remporté vendredi 30 août l'épreuve de poursuite au vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines, devant ses nombreux supporters. Il s'est même offert le luxe de battre son propre record du monde dès les qualifications.

Tout sauf une surprise. Il y a trois ans aux Jeux de Tokyo, il avait déjà remporté cette épreuve avant de conquérir trois autres médailles dans la foulée. Pour ses Jeux à la maison, il vise prudemment "au moins deux médailles" d'or. La moitié de l'objectif est donc déjà accomplie.

À seulement 23 ans, le Breton a déjà un palmarès XXL – avec, déjà, pas moins de 19 titres mondiaux, sur piste comme sur route. Il est même sextuple champion du monde en titre sur piste et sur la route.

Il continue de courir chez les valides

Alexandre Leauté est né en 2000 à Saint-Caradec, dans les Côtes-d'Armor. Victime d’un AVC à la naissance, il est atteint d'une hémiplégie du côté droit : il n’a donc ni sensation, ni force, de ce côté du corps.

Ses premiers amours sportifs vont plutôt au football mais il finit par se mettre dans les pas de son père, ancien cycliste de niveau national, en commençant le vélo. Il commence par concourir chez les valides en bricolant son vélo pour compenser son handicap.

Alexandre Leauté finit par découvrir les compétitions handisport à l'âge de 17 ans. Repéré par le pôle France de paracyclisme, il déménage alors à Urt, dans les Pyrénées-Atlantiques (sud-ouest de la France). Les résultats suivent vite.

À 18 ans, pour ses premiers Mondiaux, il est titré sur la course en ligne, à Emmen (Pays-Bas). Son meilleur souvenir en carrière. "Je n’étais pas trop attendu. Et quand j’ai passé la ligne, mes parents m’attendaient derrière. Ils m’avaient fait la surprise de venir", raconte-il à Ouest-France. Les 18 autres titres mondiaux suivront.

Légende dans son village

Pourtant, malgré le succès, Alexandre Leauté reste humble et attaché à ses racines. Il est revenu vivre à Saint-Caradec et est toujours licencié au club voisin de VC Loudeac où il s'entraîne sur le vélodrome local.

Il dispute d'ailleurs toujours les courses de l'ouest de la France avec les valides, malgré l'absence de résultats. Lors des derniers championnats de France sur route, il est classé 58e sur 62. Dans son village, il est une légende. Son visage s'affiche sur toutes les vitrines et tout le monde le connaît.

Jeux paralympiques : de l'or et le record du monde, Alexandre Leauté commence sa moisson sur piste

"Je le connais depuis qu'il est tout petit. Je l'ai vu apprendre à faire du vélo", sourit Alain Guillaume, le maire de Saint-Caradec. "C'est quelqu'un de très humble et très discret."

"Malgré son succès, il ne dit jamais non pour aller aider une association et il n'oublie jamais les gens qui l'ont aidé dans son parcours", poursuit l'édile.

Preuve de sa popularité, deux bus ont été affrétés et ont fait la route dans la matinée pour assister au sacre de leur champion. Dans le vélodrome, ses supporters vêtus de blanc font un maximum de bruit à chaque passage de leur héros.

"Un quintuplé ?", demande Macron

En janvier dernier, invité à l'Elysée. Emmanuel Macron lui a demandé si il pensait un quintuplé possible. Le Breton n'a pas osé le détromper – pour ne pas attirer l'attention sur lui et expliquer au président français que toutes les épreuves de la piste n'existent pas aux Jeux paralympiques et qu'il ne serait aligné "que" sur quatre épreuves individuels en tout. 

Et même dans les épreuves qu'il va disputer, il aura du souci à se faire. S'il est intouchable dans la catégorie C2, dans certaines, comme le kilomètre sur piste et l'épreuve en ligne, il sera aligné face à des C1 et C3 avec un système de handicaps pour tendre vers l'équité.

Mais vu son statut et les performances attendus, il peut y croire. Au point que beaucoup espèrent qu'il deviendra le "Léon Marchand des Jeux paralympiques". Lorsqu'un journaliste de L'Équipe lui a posé la question, le cycliste breton a gentiment corrigé son interlocuteur :

"Je sais que Léon a réussi quelque chose de grandiose. Je l'ai suivi et je suis vraiment fan de ce mec qui a la tête sur les épaules", répond Alexandre Leauté. 'Mais j'aimerais qu'on nous distingue, que les gens se souviennent de mon nom parce que j'aurais marqué l'histoire de mon sport, et pas comme du 'Marchand des paras', sous prétexte que j'aurais fait la même chose que lui."

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