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De notre envoyé spécial au Grand Palais – La para taekwondiste afghane concourrait jeudi sous la bannière des réfugiés au Grand Palais. Réfugiée en France depuis le retour au pouvoir des Taliban, Zakia Khudadadi rêvait de ces JO. Elle les conclut finalement avec une médaille de bronze autour du cou et l'amour du public français qui l'a soutenu comme l'un de ses siens toute la journée.

Jeux paralympiques : déjà adopté par le public français, la réfugiée Zakia Khudadadi en bronze

Son chemin aura été cabossé et plein de détours. Mais, finalement, jeudi 29 août, Zakia Khudadadi est arrivée là où ses rêves la guidaient : sous la nef du Grand Palais de Paris pour les Jeux paralympiques. L'Afghane réfugiée en France n'a pas fait que concourir : elle s'est battue dans la catégorie -47 kg K44 pour repartir avec une médaille historique pour l'équipe des réfugiés. Et, tout au long de la journée, elle a aussi conquis l'amour du public de son pays d'adoption, qui l'a soutenu aussi fort et bruyamment que Bopha Kong, seul tricolore en lice aujourd'hui.

À quoi a-t-elle pensé au moment de s'avancer pour son premier combat face à la Cubaine Lilisbet Rivero ? Aux jours d'errance pour évacuer Kaboul alors que les Taliban reprenaient le pouvoir ? Aux Jeux de Tokyo disputés à peine quelques jours après ? Aux innombrables heures de français qu'elle s'inflige pour maîtriser la langue de Molière ? Aux non moins nombreuses heures d'entraînement avec Haby Niaré ? À ses moments d'incertitude où elle ne savait pas si elle représenterait son pays d'adoption, la France, où l'équipe des réfugiés à Paris ?

Même si elle n'en a pas la nationalité sportive, Zakia Khudadadi a découvert que le public l'a déjà adopté. Passablement assoupie depuis le début de la matinée, il se réveille pour encourager l'Afghane : "Allez les Bleus ! Allez les Bleus !"

Le public hurle sa joie à chaque coup porté sur la poitrine de son adversaire. Portée par la foule et son talent, elle se débarrasse de sa première adversaire du jour (21-11). 

Elle tombe en revanche sur un os face à Ziyodakhon Isakova (Ouzbekistan) une heure et demie plus tard. Dans un match très serré, conclu sur un tout petit écart 3-4, elle doit finalement s'incliner face à son adversaire, malgré le soutien sans faille des tribunes. Il en faut plus pour abattre Zakia Khudadadi.

Contrainte de fuir les Taliban

Originaire de la ville de Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, elle nait avec un bras atrophié. Après avoir débuté le taekwondo à l'âge de neuf ans, elle se destinait plutôt à une carrière dans son pays d’origine, où elle s’entraînait avec l’équipe nationale. Le retour au pouvoir des Taliban va tout changer.

Son entraîneur lui dit de se cacher car en tant que femme handicapée appartenant à la minorité chiite hazara, elle risque désormais sa vie. Zakia Khudadadi lance un appel à l'aide via une vidéo. La France l'exfiltre en 2021 et, depuis trois ans, elle s’entraîne à l’Insep, le prestigieux institut du sport.

Couvée par l'équipe de France

Elle aurait voulu représenter la France lors de ces Jeux mais l'administratif pour sa naturalisation en a décidé autrement. Qu'importe : la fédération française de taekwondo la considère comme l'une des leurs et fait la promotion de ses compétitions et de ses victoires comme si elle était une tricolore. Dans son box, c'est bien Haby Niaré, la Française médaillée d'argent à Rio, qui la coach et donne de la voix pour l'encourager ou la recadrer.

Jeux paralympiques : déjà adopté par le public français, la réfugiée Zakia Khudadadi en bronze

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C'est aussi la charismatique entraîneuse qui l'a remobilisé avant d'attaquer son match face à la Turque Nurcihan Ekinci. Dans ce repêchage tendue, Zakia Khudadadi a longtemps été menée d'un petit point de pénalité. Elle a su trouver les ressources pour renverser la situation.

Sur la retenue depuis le début de la journée, l'Afghane a longtemps célébré sa victoire, synonyme de match pour le bronze. Elle s'est précipitée dans les bras d'Haby Niaré qui a porté bien haut la petite athlète avant que celle-ci se fende d'un tour d'honneur pour le plus grand bonheur des supporters tricolores, qui ont créé une ambiance électrique pendant tout le combat.

Jeux paralympiques : déjà adopté par le public français, la réfugiée Zakia Khudadadi en bronze