
Selon des résultats officiels proclamés dimanche soir par le Conseil National Electoral (CNE), Nicolas Maduro a remporté la victoire face au candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia qui revendique 70% des suffrages. "Il ne s'agit pas d'une fraude de plus, mais d'une méconnaissance et de la violation grossière de la volonté populaire", affirme Maria Corina Machado, la cheffe de l'opposition déclarée inéligible par le pouvoir. "Nous savons tous ce qui s'est passé aujourd'hui" a-t-elle ajouté.
Au vu des déclarations des deux camps, une nouvelle crise postélectorale semble s'ouvrir au Venezuela, comme en 2017 et en 2019. Le résultat est "irréversible", a assuré le président du CNE, Elvis Amoroso, homme de confiance du pouvoir qui fait partie des personnes sanctionnées par Washington pour leur rôle dans la crise vénézuélienne. "Notre combat continue, nous ne nous reposerons pas tant que la volonté du peuple vénézuélien ne sera pas reflétée", a répondu le candidat de l'opposition qui a appelé la population a rejeter le résultat proclamé par la CNE de manière pacifique.
Lignes de fracture géopolitiques
Comme lors du scrutin contesté de 2018, la communauté internationale n'a pas tardé à réagir. Les alliés internationaux de Caracas, la Russie, la Chine et l'Iran, ont très vite félicité Nicolas Maduro.
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Accepter Gérer mes choixEn Amérique latine, les alliés "bolivariens" se sont également manifestés rapidement pour reconnaitre le résultat de l'élection. La présidente du Honduras Xiomara Castro, le président bolivien Luis Arce, le Cubain Miguel Díaz-Canel Bermúdez et le président du Nicaragua Daniel Ortega se sont réjouis de la réélection de l'ancien syndicaliste au pouvoir depuis 2013.
"Aujourd'hui, la dignité et le courage du peuple vénézuélien ont triomphé des pressions et des manipulations. Je transmets au frère président NicolasMaduro nos chaleureuses félicitations pour cette victoire historique" écrit sur X le président cubain, héritier des frères Castro.
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Accepter Gérer mes choixEn dehors de ces alliés traditionnels, l'émir du Qatar Tamim bin Hamad al-Thani s'est lui aussi joint à ce cortège attendu de félicitations.
Occidentaux et Latinos-Américains sceptiques
En revanche, les États-Unis, les Européens et les dirigeants latino-américains qui critiquent la dérive dictatoriale du chavisme au Venezuela ont, sans surprise, refusé d'accepter une victoire aux forts relents de fraude électorale.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a réclamé sur X une "transparence totale [...] y compris le décompte détaillé des voix et l'accès aux procès-verbaux des bureaux de vote".
En Amérique latine, du dirigeant de gauche chilien Gabriel Boric, au président d'extrême droite argentin, les dirigeants d'Uruguay, d'Équateur, du Pérou, de Colombie, du Costa Rica, du Panama et du Guatemala ont refusé de reconnaitre les résultats proclamés par les autorités électorales vénézuéliennes.
Javier Milei n'a surpris personne en appelant les forces armées du Venezuela à défendre "la démocratie et la volonté du peuple".
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Accepter Gérer mes choixLe Brésil prudent
Son homologue brésilien Lula, revenu à la tête du géant latino-américain en 2023, appelle lui à "vérification impartiale des résultats". Le ministère brésilien des Affaires étrangères, dans un communiqué, dit attendre la publication par le Conseil national électoral des données par bureau de vote pour s'assurer de "la transparence, la crédibilité et la légitimité du résultat du scrutin".
Par le passé, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a longtemps défendu son homologue vénézuélien face aux critiques de la communauté internationale. Mais, à l'approche du scrutin, Lula s'était dit la semaine dernière "effrayé" par les propos récents de son homologue vénézuélien sur le risque de "bain de sang" s'il n'était pas réélu.
Une façon pour la diplomatie brésilienne de mettre en garde les dirigeants du Venezuela en vue d'une crise électorale qui pourrait encourager à nouveau l'émigration. Quelque 7,7 millions de Vénézuéliens (près d'un quart de la population) ont quitté le pays en moins d'une décennie.
Avec AFP