Après la récente érosion de la majorité démocrate au Sénat, le président des États-Unis devrait profiter de son premier discours sur l'état de l'Union pour afficher sa combativité, notamment sur le dossier de l'emploi.
AFP - Le président américain Barack Obama prononce mercredi devant le Congrès son premier discours sur l'état de l'Union, lors duquel il va s'employer à reprendre l'initiative, notamment sur les dossiers économiques et de l'emploi, après une série de revers.
M. Obama va répondre à "la colère et au ressentiment que les Américains éprouvent vis-à-vis de l'économie", a affirmé mercredi matin son porte-parole Robert Gibbs sur la télévision MSNBC, en remarquant que l'année passée "a été l'une des plus difficiles de l'histoire" des Etats-Unis.
Le pays ne crée toujours pas d'emplois bien qu'il soit sorti de la récession, le chômage reste bloqué à 10%, et les Américains sont majoritairement mécontents du bilan du président en matière économique.
L'exercice de M. Obama, prévu à partir de 21H00 (jeudi 02H00 GMT), va être encore compliqué par la récente érosion de la majorité démocrate au Sénat et alors qu'une fraction grandissante des Américains semble douter de la capacité du président à apporter le "changement" qu'il avait promis pendant sa campagne.
Pour la sénatrice de Californie (ouest) Barbara Boxer, également interrogée sur MSNBC, M. Obama doit faire en sorte de dire "aux Américains qu'il comprend très bien ce qu'ils sont en train de vivre, et je sais que c'est le cas".
Emblématique d'ambitions déçues un an après le retour des démocrates à la Maison Blanche, la réforme de l'assurance maladie voulue par M. Obama se retrouve bloquée au Sénat à la suite de la perte par ses alliés de leur majorité qualifiée.
La victoire d'un républicain le 19 janvier lors d'une élection partielle dans le Massachusetts (nord-est) a enhardi l'opposition et sonné comme un coup de semonce pour les démocrates, dix mois avant le renouvellement de l'ensemble de la Chambre et du tiers du Sénat.
Interrogé mercredi au vol à la Maison Blanche par des journalistes quant au "message" qu'il donnerait sur l'assurance maladie lors de son discours, le président s'est contenté de répondre: "un bon".
Dès lundi, la présidence a évoqué une série de mesures destinées à aider la classe moyenne. M. Obama espère un effet de levier sur le marché de l'emploi à moindre coût, alors que les finances publiques restent dans un état préoccupant et qu'il n'est pas question d'un nouveau plan de relance.
Le président va parler des "efforts pour aider les petites entreprises, pour stimuler les embauches et les prêts" bancaires, a souligné M. Gibbs.
Le bureau du budget du Congrès a indiqué mardi tabler sur une baisse du déficit dès l'exercice 2010, mais il devrait atteindre encore 9,2% du produit intérieur brut, signifiant que la dette des Etats-Unis, déjà à 80% du PIB, va continuer à augmenter.
M. Obama a dit vouloir diviser par deux le déficit d'ici à la fin de son mandat en 2013 et devrait à cet effet annoncer lors de son discours son souhait de geler pendant trois ans environ 15% des dépenses de l'Etat fédéral dans l'espoir d'économiser 250 milliards de dollars d'ici à 2020.
A titre symbolique, il vient aussi d'imposer un gel des salaires à ses collaborateurs gagnant plus de 100.000 dollars par an, après avoir emprunté des accents populistes ces dernières semaines contre les "banquiers gras de Wall Street".
Lors de son premier discours sur l'état de l'Union - la tradition veut que le président n'en prononce pas lors de sa première année au pouvoir -, M. Obama devrait répondre à d'autres inquiétudes des Américains, comme les guerres en Irak et en Afghanistan, et l'attentat manqué d'Al-Qaïda contre un avion à Noël. Il devrait aussi évoquer un plan de lutte contre la menace bioterroriste.