"On a gagné !" Les cris de joie ont résonné lors de manifestations à travers la France, dimanche 7 juillet, au soir du second tour des élections législatives.
Place de la République à Paris, des milliers de personnes – 8 000 selon la préfecture de Police – ont célébré l'arrivée en tête surprise du Nouveau Front populaire aux élections législatives, un "soulagement" pour cette foule de gauche même si le score du Rassemblement National inquiète pour l'avenir.
"On pensait qu'on allait être en colère. Et au final on est très heureux, donc on crie notre joie. On fait des câlins à des inconnus", s'émerveille Fabio de la Fontaine, 21 ans.
À la surprise générale, l'alliance des partis de gauche est sortie en tête devant le camp présidentiel d'Emmanuel Macron et le Rassemblement national en troisième position, aucun des blocs n'obtenant la majorité absolue.
Place de la République, Nicolas Notis tient un large drapeau français : "La vraie France c’est celle qui combat le fascisme, c’est celle qui combat le capitalisme", martèle cet ingénieur de 28 ans.
Doria Ducly Benglia, elle, a pleuré après l'annonce des résultats. "On a contré le fascisme aujourd'hui, c'est un jour historique", dit la jeune femme de 29 ans.
Drapeau ukrainien enroulé autour du corps, Antonina Gain, elle, est "extrêmement heureuse des résultats". "C'est une victoire, pour moi et pour l'Ukraine", affirme la jeune franco-ukrainienne. "Un passage du RN en majorité aurait été une catastrophe pour la livraison d'armes et le soutien à l'Ukraine de manière générale."
Pourtant, malgré les sourires sur les visages, les chants de victoire et le soulagement de cette foule nombreuse, souvent des jeunes, la joie reste contenue chez certains, voire "silencieuse". Travailleur social de 61 ans, Yvan Grimaldi se dit "soulagé mais pas totalement satisfait, parce qu'on n'a pas fini de se payer l'extrême droite en France, on les a stoppés un peu mais ce n'est pas terminé".
L'ambiance très bon enfant pendant plusieurs heures place de la République a cédé place à des affrontements. Les forces de l’ordre ont, au cours de la soirée, été prises à partie et ont essuyé des jets de mortiers et de projectiles, a indiqué à l'AFP une source policière.
Des tensions entre forces de l'ordre et manifestants à Rennes et Nantes
Des rassemblements ont également eu lieu à Bordeaux ou à Lille. Et ils étaient des milliers de personnes, 5 000 selon la police, à défiler dans le centre de Marseille, scandant "tout le monde déteste le RN". Après un rassemblement sur le Vieux-Port à l'appel de nombreuses associations et syndicats, le cortège composé en grande partie de jeunes a continué son périple dans le centre de la deuxième ville de France.
À Rennes, un millier de personnes, 750 personnes selon la préfecture, se sont réunies en début de soirée place de la République. Ce rassemblement avait été interdit par la préfecture et les forces de l'ordre étaient présentes en nombre, selon un journaliste de l'AFP.
Les manifestants sont ensuite partis en cortège pour une "déambulation festive" en direction du centre historique mais les forces de l'ordre les ont empêchés de s'y rendre.
Alors qu'ils étaient bloqués près de la gare, des manifestants ont jeté des projectiles contre les forces de l'ordre qui ont répliqué par des gaz lacrymogènes, selon l'AFP, qui a constaté que la vitrine d'un supermarché a été endommagée. Vingt-cinq personnes ont été interpellées "après des dégradations commises sur les quais Est de la ville", a précisé la préfecture.
Peu avant minuit, le calme était revenu à Rennes, selon un journaliste de l'AFP.
À Nantes également, 2 500 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées pour suivre les résultats dans le centre-ville, dans une ambiance festive, a constaté une journaliste de l'AFP.
Un cortège a par la suite défilé dans les rues et a été plusieurs fois repoussé par les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Des feux d'artifice ont été tirés par des manifestants en direction de la police, également cible de jets de bouteilles. Vers 22 h 15, les forces de l'ordre ont à nouveau tiré des lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Un policier a été blessé et évacué conscient par les pompiers après l'explosion d'un cocktail Molotov près de lui, selon l'AFP. La préfecture a précisé que le fonctionnaire souffrait de "brûlures" et que trois personnes ont été interpellées.
"Le préfet de la Loire-Atlantique Fabrice Rigoulet-Roze condamne, avec la plus grande fermeté, ces actes de violences envers les forces de l'ordre et apporte son plein soutien au policier blessé", a-t-elle ajouté.
Avec AFP