Des résultats aussi inattendus qu’aux effets incertains : c’est le principal enseignement du second tour des élections législatives anticipées. Avec un Nouveau Front populaire arrivé en tête (177 à 192 sièges), dimanche 7 juillet, suivi par la coalition présidentielle Ensemble (152 à 158 sièges), le Rassemblement national (138 à 145 sièges) et le parti Les Républicains (63 à 67 sièges), c’est une Assemblée nationale sans majorité absolue, mais avec trois blocs majeurs et deux familles politiques qui espèrent être en mesure de gouverner.
À commencer par l’union de La France insoumise (LFI), du Parti socialiste (PS), du parti Les Écologistes et du Parti communiste (PCF), dont l’ensemble des chefs revendiquaient la victoire dimanche soir et réclamaient à Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu de leurs rangs.
"Notre peuple a clairement écarté la solution du pire", a lancé Jean-Luc Mélenchon, estimant qu'"aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable". "La défaite du président de la République et de sa coalition est clairement confirmée" et "la volonté du peuple doit être dorénavant strictement respectée", a-t-il ajouté, appelant Emmanuel Macron à "s'incliner" et "admettre cette défaite sans tenter de la contourner".
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Accepter Gérer mes choixMême son de cloche au PS, où le premier secrétaire Olivier Faure a déclaré que "le rôle du Nouveau Front populaire et en son cœur" du PS sera de "refonder un projet collectif pour notre pays et de fédérer une majorité de Françaises et de Français".
Le Nouveau Front populaire entend appliquer son programme
Mais le Nouveau Front populaire (NFP) est toutefois loin des 289 députés nécessaires pour une majorité absolue. Ses dirigeants savent bien qu’ils ne pourront appliquer leur "programme, rien que [leur] programme, mais tout [leur] programme", comme l’a affirmé Jean-Luc Mélenchon. Et même si les premières mesures du NFP – augmentation du smic à 1 600 euros et abrogation de la réforme des retraites notamment – peuvent être mises en place par décrets, le reste du programme devra passer par des lois.
"Nous sommes en tête, mais on est dans une Assemblée divisée (...) et donc il va falloir se comporter en adulte" et "parler", "discuter" et "dialoguer", a d’ailleurs reconnu Raphaël Glucksmann (Place publique).
Une situation dont a bien conscience Emmanuel Macron, qui a fait savoir qu’il attendrait de connaître la "structuration" de la nouvelle Assemblée afin de déterminer qui il va appeler à former un gouvernement, a annoncé dimanche soir l'Élysée.
"Prudence et analyse des résultats : la question est qui pour gouverner désormais et atteindre la majorité", a ajouté son entourage, tout en se félicitant du score meilleur que prévu du camp présidentiel.
La macronie en quête d’une coalition improbable
Car, en théorie, au moins deux options sont sur la table pour le chef de l’État : une coalition Ensemble-Les Républicains, dont le total de sièges est compris entre 215 et 225, et une coalition allant de la droite jusqu’à la gauche, mais sans LFI (entre 256 et 270 sièges).
Après avoir annoncé qu’il remettrait la démission de son gouvernement lundi matin, le Premier ministre Gabriel Attal a invité les députés à "inventer quelque chose de neuf, de grand, d'utile".
"Pour cela, nous devrons assumer de tout remettre en question dès demain. Notre espace politique devra se mettre au travail pour bâtir une offre politique nouvelle" basée sur des "valeurs claires : garantir l'union et ne jamais céder à la division, incarner l'autorité tout en conservant notre humanité, agir pour la sécurité", a développé Gabriel Attal.
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Accepter Gérer mes choixLe scénario apparaît toutefois peu probable. La gauche y est farouchement opposée. Le NFP n'acceptera "aucune coalition des contraires", a déjà prévenu Olivier Faure. Et du côté du parti Les Républicains (LR), si Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, a plaidé pour "un gouvernement provisoire de la République", Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et élu en Haute-Loire, a écarté la participation de son parti à une "coalition", rejetant "des combinaisons pour échafauder des majorités contre nature".
Une seule certitude, la future coalition au pouvoir devra réussir ce que ne sont pas parvenus à faire Élisabeth Borne et Gabriel Attal à Matignon : composer avec un Parlement divisé, mais sans passage en force. "Le centre de gravité du pouvoir sera (...) désormais, plus que jamais, entre les mains du Parlement", a jugé Gabriel Attal dimanche soir, comme l’avait fait plus tôt Raphaël Glucksmann. Un constat que même Emmanuel Macron est à présent contraint de reconnaître.