
Qu’est-ce que la séduction ? Est-elle symétrique chez les hommes et les femmes? La philosophe et journaliste Christine Van Gaine s’est intéressée à la figure de la séductrice dans "Allumeuse, genèse d'un mythe". Au Japon, certains hommes sont des allumeurs. Dans les bars à homme de compagnie, ce sont les femmes qui leur paient un verre et s’offrent un moment de flirt contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Vers 1850, les prostituées sortaient dans la rue à un moment bien précis : celui où l’on allumait les lampadaires. Le moment est devenu un terme d’argot de policier de l’époque pour désigner plus généralement aujourd’hui toutes celles qui attisent le désir masculin, avec le sous-entendu qu’elles promettent sans donner.
Après #MeToo, en 2017, Christine Van Geen s’est intéressée à cette notion dans son livre "Allumeuse, genèse d'un mythe", en se demandant pourquoi la parole des femmes victimes était encore si inaudible et mal reçue au XXIè siècle. En se plongeant dans les bases de la culture occidentale, en en décortiquant ses mythes, elle s’est rendu compte que les figures de tentatrice sont légion et semblent justifier, siècle après siècle, les abus que subissent les femmes et les justifications bancales de leurs agresseurs : "Elle m’a allumé, elle le voulait" et, en filigrane, "elle l’a bien cherché".
D’Eve à Marilyn Monroe, l’autrice revient sur ces histoires qui font des hommes des victimes de femmes qui les manipuleraient, oubliant bien souvent leurs propres responsabilités ou repeignant une agression sexuelle en histoire d’amour, comme dans Lolita de Vladimir Nabokov.