Suite aux émeutes anti-syriennes en Turquie, des affrontements ont éclaté le 1 juillet en Syrie dans les zones contrôlées par les rebelles, au nord-est du pays. Ces troubles se sont déroulés pour partie dans des zones occupées par des factions pro-turques de l’Armée syrienne libre, dans un contexte de dégel des relations entre Damas et Ankara.
Des postes-frontières pris d’assaut par des manifestants, des drapeaux turcs jetés au sol et des affrontements avec les forces de sécurité… La journée du lundi 1ᵉʳ juillet a été marquée par une grande confusion dans la région du nord-est d’Alep, bastion des groupes rebelles opposés au président syrien Bachar al-Assad. Au cœur de ces manifestations : la question des relations entre opposants syriens et autorités turques, alors que le président truc Erdogan envoie des signes d’apaisement à son voisin Bachar al-Assad. La rédaction des Observateurs décrypte ces événements qui ont semé le trouble dans une Syrie déjà sous tension.
C’est en Turquie que tout a commencé. Dimanche 30 juin, des violences ont éclaté suite à l’arrestation d’un réfugié syrien accusé de harcèlement sexuel sur une jeune enfant syrienne. S'ensuit une nuit d’émeutes dans la ville turque de Kayseri où des commerces et des habitations de réfugiés syriens ont été saccagés par des groupes d’hommes.
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Accepter Gérer mes choixDès le lendemain, les tensions gagnent les zones syriennes contrôlées par les rebelles soutenus par le pouvoir turc. Cette zone est divisée en deux principaux territoires : la province d’Idlib, contrôlée par le groupe Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) et des groupes turcs, et la partie nord de la province d’Alep, contrôlée par l’Armée nationale syrienne (connue par son acronyme en anglais, SNA). Cette dernière est très étroitement contrôlée par la Turquie.
Pendant la journée du lundi 1ᵉʳ juillet, la rédaction des Observateurs a pu relever plusieurs points d’affrontements. L'essentiel des confrontations s'est déroulée dans le nord d’Alep contrôlé par l’Armée nationale syrienne (SNA).
Si des manifestations ont eu lieu dans la province d’Iblib gérée par le groupe Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), les événements sont restés sous contrôle. L’expert du conflit syrien “QalaatM” explique aux Observateurs : “Sur le plan militaire, Hay'at Tahrir al-Sham est supérieur à l’Armée nationale syrienne (SNA). Ils sont beaucoup plus disciplinés, mieux entraînés et beaucoup plus idéologisés”.
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Accepter Gérer mes choixLa ville d’Afrin au cœur des affrontements
La majeure partie des troubles se sont donc déroulés dans la ville d’Afrin, contrôlée par l’Armée nationale syrienne (SNA) et les forces turques depuis 2018. La situation est confuse dans la ville. Plusieurs scènes montrent des manifestants s’en prendre aux forces turques avec des pavés et de bâtons, certains habitants n’hésitant pas à monter directement sur les véhicules de l’armée turque. Mais au milieu de ces manifestants, il est possible de distinguer des hommes armés.
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Accepter Gérer mes choixDes postes-frontières et bases militaires turcs pris d’assaut par des manifestants
Mais les heurts ne se sont pas limités à la ville d’Afrin. Des postes-frontières ont également été envahis par la foule. Suite aux affrontements, la Turquie a fermé trois de ses checkpoints à la frontière syrienne.
Plusieurs personnes ont été blessées lors des affrontements entre les forces turques et les manifestants.
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Accepter Gérer mes choixPendant ces affrontements, un symbole fort a marqué les réseaux sociaux : celui du drapeau syrien retiré des postes-frontières et bâtiments tenus par l’armée.
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Accepter Gérer mes choixAu cours des événements, plusieurs bases militaires turques ont été prises d’assaut par une foule composée de manifestants et d’hommes armés. Dans la ville d’Afrin, quatre combattants de l’Armée nationale syrienne (SNA) sont morts dans l’assaut du quartier général du gouverneur turc de la ville.
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Accepter Gérer mes choixMais c’est dans la base militaire de la ville de Takad que les troupes turques ont subi les assauts les plus violents. Ces dernières ont dû se retirer d’un checkpoint, laissant derrière elles un véhicule de transport de troupe de type M113.
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Accepter Gérer mes choix“Les rebelles syriens et l’armée turque ont besoin les uns des autres”
Dans un communiqué, publié le 1ᵉʳ juillet, gouvernement de l’Armée nationale syrienne (SNA) dit “condamner toutes les campagnes extrémistes dirigées contre les réfugiés syriens qui ont fui le régime criminel d'Assad et ses alliés”. Avant de réaffirmer son soutien à la Turquie : “L'histoire et la géographie témoignent de la fraternité qui a existé entre Turcs et Arabes à travers les âges. Notre pari repose sur cette fraternité”.
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Accepter Gérer mes choixPour “QalaatM”, spécialiste du conflit syrien, ces incidents n’auront pourtant pas d’influence sur l’alliance entre les groupes rebelles syriens et l’armée turque :
Les rebelles syriens et l’armée turque ont besoin les uns des autres. Il n’y a pas de risque de rupture de l’alliance. Ce qui ne veut pas dire que la situation ne mettra pas de temps à revenir à la normale. Il ne faut pas surestimer la portée de ces affrontements. S’il y a eu de vrais combats armés dans la région d’Afrin, pour les autres villes, il s’agissait surtout de tirs de sommation.
Il faut comprendre que certains groupes de l’Armée nationale syrienne [SNA;Ndlr], comme la Division Hamza ou Suleiman Shah, sont très proches du pouvoir turc. Leurs commandants tweetent même en turc. Mais la SNA est une coalition et non un groupe unique. Elle est donc composée d’une multitude de factions aux effectifs plus ou moins importants. Certains de ces groupes, reçoivent un salaire et des armes qui leur sont fournis par Ankara. Ces derniers sont donc dépendants de la Turquie.
Pourtant, l’expert ne nie pas l’implication de certains groupes rebelles syriens dans les affrontements contre les forces turques :
Parmi les groupes de combattants rebelles impliqués dans les combats de ce lundi, on note la participation de membres de la faction Ahrar al-Charkiya. C’est un groupe composé principalement de combattants déplacés de l’est de la Syrie. Certains de leurs combattants sont indisciplinés, ils ont la réputation d’avoir ‘le sang chaud’. Ils ont déjà eu des problèmes avec la Turquie ces dernières années lorsqu’ils ont attaqué directement les forces d’Assad, ce qui est interdit par Ankara qui souhaite éviter des représailles du régime syrien.
Les tensions ont commencé à baisser dès le soir du 1ᵉʳ juillet. L’internet qui avait été coupé dans la région a été rétabli, et les postes-frontières ont rouvert. Ainsi, tous les checkpoints de la zone d’Alep-nord ont retrouvé leurs drapeaux turcs qui avaient été enlevés par les manifestants.
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Accepter Gérer mes choixD’après cette agence de presse locale, il s’agirait de forces spéciales.
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Accepter Gérer mes choixDe leur côté, plusieurs factions de l’Armée nationale syrienne ont réaffirmé leur soutien aux forces turques à grand renfort de conférence de presse et de communiqués.
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Accepter Gérer mes choixPourtant, ces trois derniers jours, malgré l’agitation au nord d’Alep, ni les bombardements du régime d’Assad, ni les combats contre les forces Kurdes n’ont réellement cessé.