logo

Prise d’otage, curatelle et propos racistes : les encombrants candidat RN aux législatives
Plusieurs candidats du Rassemblement national ont réussi à se qualifier pour le second tour des législatives malgré des sérieuses controverses les entourant. Et à de très rares exceptions, ils continuent à être soutenu par le parti de Marine Le Pen.

Le poids… et le choc des photos. Ludivine Daoudi, candidate RN dans le Calvados (Normandie), a décidé de se retirer de la course au second tour des législatives mardi 2 juillet. En cause : une photo apparue sur les réseaux sociaux où elle est coiffée d’une casquette de sous-officier nazi de la Luftwaffe avec une croix gammée dessus.

“Elle ne nie pas, elle a fait cette photo. Effectivement, elle était de mauvais goût. De toute manière, la candidature sera retirée dès aujourd'hui”, a confirmé Philippe Chapron, délégué départemental du RN à France Bleu Normandie, mardi.

Telle est donc la ligne rouge pour le Rassemblement national avant le deuxième tour du 7 juillet : une photo avec une référence directe au nazisme. Les révélations du site StreetPress sur l’appartenance de Ludivine Daoudi au Parti de la France, mouvement pétainiste au racisme assumée, ont ensuite dû conforter les responsables du RN dans leur décision.

Mais si les projecteurs médiatiques sont actuellement braqués sur le cas Ludivine Daoudi, elle n’est pas la seule candidate RN à traîner d’encombrantes casseroles. La liste des qualifiés pour le deuxième tour aux déclarations passées sulfureuses est longue. France 24 a sélectionné plusieurs cas emblématiques, qui semblent difficilement compatibles avec l’image de “parti normal” que Marine Le Pen veut donner à son Rassemblement national.

Josseline Liban. Les Normands ont été gâtés avec des candidats RN au profil controversé. Après Ludivine Daoudi dans le Calvados, StreetPress s’est intéressé à une autre aspirante élue RN du même département : Josseline Liban, arrivée deuxième dans la deuxième circonscription (derrière le Arthur Delaporte, le candidat du Nouveau front populaire).

Ou plus précisément Jocelyne Liban-Gesrzkourez comme cette retraitée de 69 ans se fait appeler sur Facebook. C’est sous ce pseudonyme qu’elle a multiplié les messages racistes et haineux - effacés depuis les révélations de StreetPress - sur le réseau social ces dernières années (lien tweet avec exemples). Elle a également versé dans le complotisme antivax durant la pandémie de Covid-19.

Louis-Joseph Pecher. Comme Ludivine Daoudi, Louis-Joseph Pecher a été lâché par la coalition RN et LR, canal historique d’Éric Ciotti, qui l’avait investi. C’était même avant le premier tour. En cause : des révélations de StreetPress sur sa propension à poster tous azimuts des messages racistes, antisémites et homophobes sur les réseaux sociaux.

Mais ce personnage haut en controverses a, quant à lui, maintenu sa candidature et a réussi à se qualifier pour le second tour, arrivant deuxième derrière le député sortant divers gauche, Dominique Potier.

Ce qu’il n’a pas maintenu en revanche, c’est le compte twitter sur lequel il avait pris l’habitude de déverser sa haine. Peu avant les révélations de StreetPress, il a effacé toute trace d’@Elgie2108. Sous ce pseudonyme, il avait notamment dit que “Juif qui parle, bouche qui ment” (un emprunt à la pièce Marie Tudor de Victor Hugo), et a accusé les juifs d’instrumentaliser “l’islam stupide”.

Annie Bell. Au moins la candidate RN dans la 3e circonscription en Mayenne n’a pas été épinglée pour propos racistes ou antisémites. Mais cette septuagénaire s’est illustrée en prenant en otage, et sous la menace d’une carabine, le secrétaire général de la mairie d'Ernée (Mayenne) pendant trois heures en 1995.  

Un fait d’arme qui lui avait valu une condamnation à dix mois prison ferme pour “séquestration avec armes”, ont raconté les journaux locaux Ouest-France et le Courrier de la Mayenne.

Contactée par Ouest-France, Annie Bell ne veut plus parler de cette affaire “avant la fin des élections”. Elle affronte au deuxième tour Yannick Favennec, le député sortant qui se présente sous l’étiquette Horizon, le parti d’Edouard Philippe.

Ce passif carabiné ne semble pas déranger le Rassemblement national puisque Jean-Michel Cadenas, délégué départemental du parti, a répondu qu’il “n’y avait pas de casier judiciaire, donc pas d’affaire”. France 24 n'a pas été en mesure de confirmer l'existence ou non d'un casier judiciaire.

Paule Veyre de Soras. Une autre candidate RN qualifiée pour le second tour en Mayenne a offert une variation surprenante du fameux “je-ne-suis-pas-raciste-j’ai-un-ami-noir”. Interrogée au soir du premier tour par leglob-journal, un site d’information locale, Paule Veyre de Soras a voulu démontrer que le RN n’était ni antisémite, ni raciste en assurant avoir “un ophtalmo juif, et un dentiste musulman”.

Paule Veyre de Soras.

Je vous laisse deviner son parti. pic.twitter.com/bJh8oxY4An

— Gilles BRUNO (@gillesbruno) July 1, 2024

Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.

Accepter Gérer mes choix

La séquence vidéo de l’interview n’a pas manqué de faire le tour des réseaux sociaux. Surtout que Paule Veyre de Soras semble incapable pendant de longues secondes de trouver le moindre argument pour contrer les accusations de racisme et antisémitisme dont son parti fait l’objet.

Jean-Michel Cadenas, délégué départemental du RN, a plaidé l’inexpérience médiatique pour défendre cette ambulancière de 50 ans. “C'est pour le moins maladroit et mal réfléchi de la part d'une femme qui n'a pas l'habitude de l'expression politique”, a-t-il affirmé.

Ce dérapage filmé a pu être pour une partie des électeurs mayennais l’occasion de découvrir à quoi ressemblait cette candidate arrivée en deuxième position derrière le député sortant de la gauche, Guillaume Garot. Paule Veyre de Soras a, en effet, souvent été qualifiée de candidate fantôme dont le visage n’apparaissait même pas sur les affiches électorales.

Daniel Grenon. Quand la justice s’en mêle. Le procureur de la République a été saisi, mercredi 3 juillet, après des propos tenus par Daniel Grenon, député sortant RN de la 1ère circonscription de l’Yonne qui est arrivé en tête au premier tour avec 40,4 % des voix.

L’élu d’extrême droite est accusé de racisme pour avoir déclaré que “des Maghrébins étaient arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux”. Des propos tenus pour évoquer le cas des binationaux dans le cadre d’un débat mardi 2 juillet avec sa rivale pour le second tour, l’écologiste Florence Loury

Des déclarations “clairement racistes qui tombent sous le coup de la loi”, a réagi Mani Cambefort, premier secrétaire de la fédération du PS de l’Yonne, à l'origine de la saisine du procureur de la République.

Daniel Grenon a ensuite voulu rectifier le tir en prétendant que la citation rapporté était “erronée”. Mais le journal L’Yonne républicaine, organisateur du début, maintient avoir des enregistrements prouvant que l’élu RN a bel et bien prononcé les paroles controversées.

Thierry Mosca. Il est arrivé deuxième dans la 2e circonscription du Jura avec un score flatteur de 32,76 % des voix, devancé par la députée sortante (LR) Marie-Christine Dalloz (38,59 %). Pourtant, Thierry Mosca, candidat RN, est théoriquement inéligible.

Ce sexagénaire a, en effet, été placé sous curatelle en novembre 2023, a révélé le quotidien régional Le Progrès. Une curatelle est décidée lorsqu’une personne souffre d’une altération des capacités mentales l’empêchant de pourvoir à ses intérêts.

“Les majeurs en tutelle ou en curatelle sont inéligibles”, assène l’article LO129 du code électoral. Ce qui ne l’empêchait pas forcément d’être candidat puisque seules les personnes déclarées inéligibles par le juge administratif ou le Conseil constitutionnel ne peuvent se présenter. “Thierry Mosca n’est pas concerné par ce cas de figure”, affirme Libération, qui a eu confirmation de cette situation rocambolesque par des sources judiciaires. Autrement dit, si Thierry Mosca est élu, sa victoire pourra ensuite être contestée.

Prise d’otage, curatelle et propos racistes : les encombrants candidat RN aux législatives