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À Paris, nouveau rassemblement contre l’extrême droite après une campagne "éprouvante"
À trois jours du premier tour des législatives, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir, place de la République à Paris, pour écouter les interventions de plusieurs personnalités du monde de la culture et du journalisme, avec un mot d’ordre : "barrer la route" à l'extrême droite. Un rassemblement festif après une campagne jugée "éprouvante" par plusieurs militants.

Sacha et ses amies ont répondu présentes, ce jeudi 27 juin, à l’appel d’une centaine de médias, associations et syndicats dont Politis, Mediapart, la CGT, la CFDT, Nous Toutes ou encore la LDH, pour ce dernier rassemblement visant à mobiliser les électeurs contre le Rassemblement national avant le premier tour des législatives de dimanche.

L’étudiante de 21 ans dit être venue pour se donner du "baume au cœur" après une campagne "éprouvante", durant laquelle elle s’est mobilisée en collant des affiches, en faisant du porte à porte et en tractant pour le Nouveau Front populaire (NFP). Elle raconte avoir été insultée à plusieurs reprises. "On s’est fait traiter de 'tueurs d’enfants'. On nous disait des choses horribles comme 'Vous voulez tuer des juifs', 'Vous êtes des sales antisémites''", regrette la militante, qui vote LFI depuis quelques années.

"C'est important de se réunir aujourd'hui pour finir cette campagne tous ensemble", poursuit Sacha, heureuse d’avoir milité ces dernières semaines tant pour des candidats issus du PS que des Écologistes.

À Paris, nouveau rassemblement contre l’extrême droite après une campagne "éprouvante"

Pendant que la foule grossit devant la scène installée place de la République pour accueillir les prises de paroles de nombreuses personnalités du monde de la culture – dont l'actrice Judith Godrèche et l'humoriste Guillaume Meurice –, d’autres militants continuent de tracter. L’association "Ne pas plier" distribue des autocollants "Front populaire : utopistes debout". Une passante refuse : "Je n’ai plus l’âge d’être utopiste".

À Paris, nouveau rassemblement contre l’extrême droite après une campagne "éprouvante"

Un couple de promeneurs qui a entendu la musique s’arrête pour profiter du concert. "On habite à la campagne, c'est assez calme par rapport à Paris, mais le Rassemblement national est arrivé en tête", raconte la mère de famille de 56 ans. "Notre voix peut apporter quelque chose pour que cela change, alors on va voter, c’est certain".

D’après les derniers sondages Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, le Rassemblement national est donné favori pour le scrutin du 30 juin, avec 36 % d'intentions de vote, devant l'alliance du Nouveau Front populaire (29 %) et Ensemble pour la République (21 %).

Mobiliser les abstentionnistes

Après la musique, sur scène, Agnès Rousseau, la directrice de la rédaction du magazine Politis, l’un des médias indépendants à l’initiative de ce rassemblement, et une représentante d’Attac prennent le micro et scandent ensemble "Liberté !". Elles sont reprises en chœur par les centaines de personnes présentes. Cet événement a été baptisé "Libertés !", en défense des libertés "de créer, exister, aimer, s'exprimer, manifester, informer, croire", selon les organisateurs.

"Nous savons ce que représente l’arrivée au pouvoir du RN, son projet de peur (…) Nous sommes là pour faire face à la menace de l’extrême droite et nous sommes fiers de notre diversité et de notre pluralisme", lance Agnès Rousseau à la foule.

La réalisatrice Alice Diop prend à son tour la parole pour dire sa colère face à la montée de l’extrême droite et du racisme. Elle a lancé le collectif "Nous, on vote", une initiative visant à porter la voix des quartiers populaires et à mobiliser les abstentionnistes. Sous les applaudissements, la cinéaste française d’origine sénégalaise évoque "les grands-pères qui ont combattu pour la France" et "l’apport des travailleurs noirs et arabes" pour la construction du pays. "Notre heure est venue, dit-elle, de casser le RN, venez on vote ! Venez on vote !", répète-elle.

"J'espère qu'il y aura davantage de participation et moins d'abstention", confie Maria Da Costa Pereira, 62 ans, qui a fait le déplacement pour que ce rassemblement trouve l'écho le plus puissant possible. Pour cette syndicaliste de la fédération CGT des services publiques, ces manifestations doivent servir à "informer le plus possible les travailleurs et les travailleuses". Au lendemain des résultats des européennes et de l’annonce de la dissolution, Maria Da Costa Pereira a été "horrifiée" mais elle dit être désormais remotivée par "l’envie de combattre".

À Paris, nouveau rassemblement contre l’extrême droite après une campagne "éprouvante"

Selon le ministère de l'Intérieur, la barre des deux millions de procurations pour participer aux législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet a été franchie dès mercredi soir – une proportion plus de cinq fois supérieure à celle enregistrée à l'occasion des élections législatives de 2022.

Les différents instituts de sondage anticipent une forte participation, dépassant les 60 %, quand celle-ci s'était établie à 47,8 % il y a deux ans.

Alors que le rassemblement s'est poursuivi en musique après les dernières prises de parole, l'événement a été émaillé de violences. Des membres du collectif d'extrême droite Némésis portant des pancartes anti-NFP (Nouveau Front populaire) ont fait irruption dans la foule, provoquant un affrontement avec des manifestants, selon l'AFP.

À Paris, nouveau rassemblement contre l’extrême droite après une campagne "éprouvante"