La confusion régnait mercredi soir dans la capitale bolivienne, La Paz, alors que des militaires et blindés encerclaient le siège de la présidence. Le président Luis Arce a appelé à la mobilisation contre "le coup d'État".
Le président bolivien Luis Arce a appelé mercredi 26 juin à la mobilisation contre "le coup d'État", quelques heures après la prise de position de militaires en armes et de véhicules blindés devant la présidence à La Paz.
"Le peuple bolivien est appelé aujourd'hui, nous avons besoin que le peuple bolivien s'organise et se mobilise contre le coup d'État en faveur de la démocratie", a déclaré Luis Arce dans un message vidéo à la nation depuis le palais présidentiel, aux côtés des ministres du gouvernement.
La situation est confuse à La Paz depuis que des unités de l'armée avançant dans les rues en rangs serrés, des véhicules blindés ainsi qu'un char, ont été stationnés sur la place Murillo, le siège de la présidence. Luis Arce avait alors dénoncé sur X "les mouvements irréguliers de certaines unités de l'armée bolivienne". "La démocratie doit être respectée", a-t-il dit.
Denunciamos movilizaciones irregulares de algunas unidades del Ejército Boliviano. La democracia debe respetarse.
— Luis Alberto Arce Catacora (Lucho Arce) (@LuchoXBolivia) June 26, 2024L'ex-président Evo Morales (2006-2019) avait lui estimé immédiatement sur X, qu'"un coup d’État se prépare". "Des militaires et des chars sont déployés sur la place Murillo", a-t-il écrit, appelant "à une mobilisation nationale pour défendre la démocratie".
Selon les journalistes de l'AFP sur place, un véhicule blindé a tenté d'enfoncer une porte métallique du Palacio Quemado, le siège de la présidence, et le chef de l'armée, le général Zuniga, est entré brièvement dans le palais.
Des rumeurs circulent depuis mardi selon lesquelles le général Zuniga, en poste depuis novembre 2022, pourrait être démis de ses fonctions. Dans une interview accordée lundi à une chaîne de télévision, le chef de l'armée a affirmé qu'il arrêterait Evo Morales s'il persistait à vouloir se représenter, alors que la Cour constitutionnelle a décidé en décembre 2023 qu'il ne le pouvait pas. "Légalement, il est disqualifié, il ne peut plus être président de ce pays", a déclaré le général Zuniga. Les forces armées "sont le bras armé du pays et nous allons défendre la Constitution à tout prix", a-t-il ajouté.
Dénonciations unanimes
Le parti au pouvoir en Bolivie, le Mouvement vers le socialisme (MAS), est profondément divisé entre Luis Arce et Evo Morales, autrefois alliés et aujourd'hui adversaires politique en vue des élections présidentielles de 2025. Evo Morales brigue l'investiture au nom du MAS, Luis Arce n'a pas encore fait acte de candidature officielle.
La situation en Bolivie a été dénoncée par la majorité des pays sud-américains. Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a déclaré qu'"aucune forme de violation de l'ordre constitutionnel ne sera tolérée" en Bolivie, exprimant sa "solidarité avec le président Luis Arce" depuis Asuncion, où se tient jusqu'à vendredi l'assemblée générale de l'organisation.
De son côté, la présidente hondurienne Xiomara Castro, présidente en exercice de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé les pays membres du groupe à "condamner le fascisme qui s'attaque aujourd'hui à la démocratie en Bolivie et à exiger le plein respect du pouvoir civil et de la Constitution".
En Europe, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à "respecter la démocratie et l’État de droit" en Bolivie.
Avec AFP