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Euro 2024 : les Bleus lancent leur campagne contre l'Autriche, à l'ombre des législatives
L'équipe de France débute son Euro 2024 lundi face à l'Autriche. Au lieu d'être focalisé sur le terrain, Kylian Mbappé et plusieurs de ses coéquipiers se sont prononcés sur l'actualité politique en France et la montée de l'extrême-droite. Au risque de le payer sur le terrain ?
Euro 2024 : les Bleus lancent leur campagne contre l'Autriche, à l'ombre des législatives

Sur leur terrain d'entraînement, les Bleus ne pensent qu'à une seule chose : remporter l'Euro 2024 et leur premier match face à l'Autriche lundi 17 juin. Cependant, en coulisses, dans leur camp de base, lors des repas un autre sujet s'invite : les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochain qui pourraient être remportées par l'extrême-droite après la large victoire du Rassemblement national aux élections européennes.

Le sujet s'invite également en conférence de presse où tous les joueurs ont été pressés par les journalistes de commenter la situation politique en cours D'Olivier Giroud à Ousmane Dembélé en passant par Benjamin Pavard, les troupes de Didier Deschamps avaient demandé aux Français d'accomplir leur devoir citoyen.

Marcus Thuram a été le premier à aller plus loin. Le fils de Lilian Thuram, champion du monde 1998 connu pour son engagement antiraciste, est allé beaucoup plus loin le 10 juin, n'hésitant pas à briser la neutralité affichée par ses coéquipiers.

"Je pense que la situation est triste, très grave, a-t-il déclaré devant les médias. J'ai appris ça (la victoire du RN aux Européennes, ndlr) après le match contre le Canada (dimanche, ndlr). On était un peu tous choqués dans le vestiaire. Il faut dire à tout le monde d'aller voter, se battre au quotidien pour que le RN ne passe pas."

Thuram n'a ensuite pas hésité à tacler gentiment ses coéquipiers. "Ce n'est pas assez de dire qu'il faut aller voter, il faut expliquer comment on en est arrivés là", a-t-il lâché, pointant le rôle des médias : "Je ne vais pas citer d'émission en particulier mais quand j'allume ma télé, je me dis que c'est fait pour que la montée du RN arrive."

Mbappé "contre les extrêmes"

Le lendemain, c'est son capitaine qui a pris la parole. Sans prendre clairement position pour tel ou tel camp, Kylian Mbappé, a défendu son coéquipier Marcus Thuram : "On partage les mêmes valeurs. Je suis avec lui, il n'est pas allé trop loin. On est toujours dans un pays qui a la liberté d'expression. Il a donné son avis et je me range de son côté", a-t-il déclaré

Cependant, Le champion du monde 2018 a été moins cash que son compagnon de l'attaque : "Kylian Mbappé appelle à voter contre les extrêmes, contre ceux qui divisent", a-t-il déclaré, renvoyant dos à dos l'extrême-droite du RN et la gauche du Nouveau Front populaire. Une rhétorique qui rappelle celle du camp présidentiel alors qu'Emmanuel Macron a régulièrement tenté de mettre en scène une complicité avec l'attaquant des Bleus "On a besoin de s'identifier aux valeurs de tolérance, mixité et de respect. La situation est plus importante que le match de demain", a-t-il ajouté.

🚨 Kylian Mbappé 🇫🇷 confirme à Emmanuel Macron que son transfert au Real Madrid sera officialisé ce soir. ⏳🤍

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— Actu Foot (@ActuFoot_) June 3, 2024

Le capitaine des Bleus a surtout appelé les jeunes à voter et à se faire entendre. "Je pense qu'on est dans un moment crucial de l'histoire de notre pays. La situation est inédite, c'est pour ça que j'ai envie de m'adresser à tout le peuple français et à la jeune génération qui peut faire la différence. J'appelle les jeunes à aller voter, on voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir, on a l'opportunité de choisir l'avenir de notre pays", a déclaré Mbappé qui a également indiqué que l'équipe de France allait préparer un geste "en tant qu'équipe".

Son appel devrait être suivi par les Bleus et leur staff. Le Parisien indique que le consulat de France en Allemagne avait aidé la très grande majorité de la délégation tricolore à préparer des procurations pour les échéances électorales. 

La FFF veut être neutre, Deschamps également

Est-ce que cette agitation politique pourrait nuire aux Bleus au moment d'aborder leur match ? Kylian Mbappé ne le croit pas : "Le match de demain est important mais la situation actuelle aussi. On a conscience de l’importance du match de demain. C’est mon rôle de capitaine de remobiliser les troupes, défendre les couleurs de notre pays. L’un n’empêche pas l’autre. On est des grands joueurs et on doit s’adapter", juge-t-il. "On est payés pour."

Cependant, la Fédération française de football est plus frileuse. Quelques heures après la sortie de Thuram, la FFF a sorti un communiqué demandant à "éviter toute forme de pression et d'utilisation politique de l'équipe de France" au sujet des élections législatives anticipées, appelant à respecter sa "neutralité". Communiqué qui aura donc été ignoré par Kylian Mbappé.

Du côté du sélectionneur Didier Deschamps, on a fait le choix de la neutralité : "Je considère que mon intervention est déplacé" laissant ses joueurs libres de discuter.

"Ce sont des immenses footballeurs mais avant tout des citoyens français. Ils ne sont pas en dehors de la situation que vit la France, pour ceux qui en doutaient. Ils viennent avec la possibilité de dire les choses avec leurs mots, leur sensibilité, ça va nourrir probablement le débat", a-t-il dit, insistant sur le fait que les Bleus représentaient la "mixité, la solidarité, l'union, la diversité".

"J'espère qu'on sera encore fier de porter ce maillot le 7 juillet. Je n'ai pas envie de représenter un pays qui ne correspond pas à nos valeurs", a notamment déclaré Kylian Mbappé.

Pour aller si loin, il faudra bien commencer par battre l'Autriche.