De sévères réprimandes. À la fois partenaire incontournable et redoutable concurrente des grandes démocraties de la planète, la Chine a reçu une volée de bois vert de la part des dirigeants du G7 vendredi 14 juin en Italie, accusée de fausser les règles du commerce international et de soutenir la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.
Dans un projet de déclaration finale consulté par l'AFP, le "Groupe des 7" (États-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Japon) a dit vouloir "agir ensemble pour promouvoir la résilience économique, lutter contre les politiques et les pratiques non commerciales qui compromettent l'égalité des conditions de concurrence et notre sécurité économique, et renforcer notre coordination pour relever les défis de la surcapacité mondiale".
Joe Biden, Olaf Scholz, Emmanuel Macron et leurs homologues réunis en sommet depuis jeudi à Borgo Egnazia, près de Bari, dans le sud de l'Italie, s'inquiètent du risque posé aux marchés mondiaux par la hausse des exportations chinoises de produits à bas coût, alimentée par des subventions aux nouvelles technologies, notamment dans les secteurs de l'énergie photovoltaïque, des véhicules électriques et des batteries au lithium.
Ils exhortent aussi Pékin à "s'abstenir de mettre en œuvre des mesures de contrôle des exportations, en particulier sur les minerais critiques, qui pourraient générer des perturbations significatives de la chaîne d'approvisionnement mondiale", alors que le pays impose des restrictions sur les exportations de minerais cruciaux pour des secteurs comme les véhicules électriques et les télécoms.
En représailles aux importations massives de véhicules électriques chinois dans l'UE, qui menacent les constructeurs européens, Bruxelles a annoncé mercredi jusqu'à 38 % de droits de douane supplémentaires, très loin, toutefois, des 100 % de droits annoncés en mai par le président américain Joe Biden.
"D'accord pour agir ensemble"
Réagissant à l'annonce de l'UE, la Chine a annoncé jeudi qu'elle "se réserve le droit" de porter plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) "et de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument les droits et les intérêts des entreprises chinoises".
Le G7 évoque aussi dans son projet de déclaration l'aide chinoise à l'effort de guerre russe, la situation militaire et diplomatique dans la zone "indopacifique" avec en point de mire les contentieux territoriaux entre Pékin et ses voisins, dont Taïwan, et la sécurité des voies maritimes en mer de Chine méridionale.
"Nous appelons la Chine à cesser de transférer (...) des composants d'armes et des équipements qui alimentent le secteur de la défense russe", indique la déclaration.
"Nous sommes solidaires pour soutenir le combat de l'Ukraine pour sa liberté et sa reconstruction aussi longtemps que nécessaire", affirment les chefs d’État et de gouvernement, qui ont reçu jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky et lui ont promis 50 milliards de dollars (47 milliards d'euros) tirés des revenus des avoirs russes gelés.
Le G7 est "d'accord pour agir ensemble" contre la fourniture par Pékin à Moscou de "matériels nécessaires pour sa machine de guerre", a affirmé jeudi le président Joe Biden au cours d'une conférence de presse commune avec Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a toutefois assuré que le président Xi Jinping lui avait "donné sa parole", lors d'un entretien téléphonique, que Pékin ne vendrait pas d'armes à la Russie.
Interdire les "armes autonomes létales"
Le G7 devait accueillir également des chefs d’État et de gouvernement non membres, dont l'Indien Narendra Modi, Abdallah II de Jordanie, le Turc Recep Tayyip Erdogan, l'Argentin Javier Milei et le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Le pape François est également arrivé en milieu de journée pour parler intelligence artificielle. Lors d'un discours, il a mis en garde contre l'usage militaire de l'IA, appelant à interdire les "armes autonomes létales".
Le sommet a par ailleurs été marqué par des frictions entre la France, les États-Unis et l'Italie, pays hôte, critiquée pour s'opposer à une référence en faveur de la défense du droit à l'avortement dans la déclaration finale du sommet.
Le projet de déclaration finale n'inclut aucune référence directe au droit à l'avortement, mais conserve peu ou prou la formulation contenue dans la déclaration du G7 publiée à l'issue du sommet de Hiroshima (Japon) en 2023 évoquant "les droits et la santé sexuels et reproductifs".
Avec AFP