
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, a recueilli un peu plus de 40 % des voix après dépouillement dans 97 % des bureaux de vote, montrent les résultats partiels des élections législatives publiés samedi 1er juin sur le site internet de la commission électorale.
L'ANC a recueilli 40,14 % des voix, un net recul par rapport au résultat obtenu par le parti lors des précédentes législatives en 2019, où il avait recueilli 57,5 % des suffrages.
Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a recueilli 21,7 % des voix et uMkhonto we Sizwe (MK), le nouveau parti de l'ancien président Jacob Zuma, a obtenu 14,8 % des suffrages, selon les données de la commission électorale.
À l'issue du scrutin, le plus disputé de l'histoire de la démocratie née dans le pays avec l'élection de Nelson Mandela en 1994, 400 députés seront élus. Ils désigneront le prochain président.
Depuis le début du dépouillement mercredi soir, les résultats partiels ont reflété les prévisions des experts et enquêtes d'opinion des dernières semaines, qui accordaient entre 40 % et 47 % des intentions de vote à l'ANC.
La désillusion des 62 millions de Sud-Africains, nourrie par un chômage endémique, une pauvreté croissante et une criminalité record, semble avoir vaincu la loyauté tenace envers le parti qui a libéré le pays du régime de ségrégation raciale.
Alliances incertaines
Pour nombre d'électeurs, le parti qui a longtemps incarné le rêve d'une nation ayant accès à l'éducation, au logement et aux services de base, n'a pas tenu ses promesses.
Le quotidien est empoisonné par des coupures récurrentes d'eau et d'électricité. Et les scandales de corruption à répétition impliquant de hauts dignitaires du parti ont abîmé la confiance.
Le parti historique, qui détient actuellement 230 sièges de députés (57,5 %), restera la plus grande formation politique à l'Assemblée nationale. Affaibli, il devra se résoudre à nouer des alliances et tenir des négociations sur la formation d'un gouvernement de coalition.
Experts et observateurs ont encore du mal à prédire quelle pourrait être la formule mais des responsables de partis ont déjà fait part de leur avis.
"Nous n'engagerons pas de discussion avec l'ANC de Cyril Ramaphosa", a martelé le porte-parole du MK, Nhlamulo Ndhlela. "Nous dialoguerons avec l'ANC mais pas avec l'ANC de Cyril Ramaphosa".
L'ANC devra en effet choisir entre faire des concessions avec la DA, qui a promis de "Sauver l'Afrique du Sud" à coup de privatisations et dérégulations. Ou s'il se risque à un rapprochement avec l'EFF et ses revendications incendiaires comme la redistribution des terres aux noirs et la nationalisation de secteurs économiques clefs.
Le parti devra aussi déterminer s'il est prêt à un pacte avec le MK, dirigé par l'ancien pilier de l'ANC Jacob Zuma déclaré inéligible. Mais le fossé entre le président Cyril Ramaphosa et son prédécesseur zoulou Jacob Zuma, ennemis politiques de longue date, sera difficile à combler, anticipent les spécialistes.
Avec AFP