Au large du Maroc, les îles espagnoles des Canaries font face à leur pire crise migratoire depuis 2006. En un an, plus de 30 000 migrants sont arrivés sur l’archipel. Sur le seul mois de janvier, El Hierro, la plus petite île des Canaries, a vu débarquer sur ses côtes pas moins de 4 000 migrants. Malgré l’organisation conjointe des habitants et des associations, l’île est débordée. Un reportage de Clara Le Nagard et Armelle Exposito.
L’île d’El Hierro, un territoire de 268 kilomètres carrés situé à 1 000 kilomètres des premières côtes de la péninsule ibérique, est devenue le symbole de la crise migratoire en Espagne. En un an, la plus petite île de l’archipel des Canaries a vu débarquer sur ses côtes plus de 14 000 migrants, alors même qu’El Hierro compte moins de 10 000 habitants et seulement trois communes.
Face à cet afflux, l’île s’est organisée tant bien que mal en déployant des infrastructures de premiers soins dans le port de La Restinga, au sud de l’île, et en construisant deux centres d’accueil, un pour les majeurs et un pour les mineurs. Au cœur du problème se trouvent les mineurs qui ne peuvent plus être accueillis et qui sont envoyés vers d’autres îles des Canaries, comme Tenerife et Gran Canaria. Une situation devenue impossible à gérer, puisque les centres d’accueil sont débordés là-bas aussi.
Sur le terrain, les associations et les habitants sont dévoués et font de leur mieux pour prendre en charge les migrants, qui arrivent souvent du Sénégal, du Mali ou encore de la Mauritanie. Depuis plus d’un an, le gouvernement des Canaries alerte Madrid sur la gravité de la situation et a soumis une proposition législative visant à répartir les mineurs migrants non accompagnés dans toutes les communautés autonomes d’Espagne.