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Le ministre des Affaires étrangères espagnol a annoncé lundi avoir convoqué l'ambassadeur d'Argentine en Espagne après les "paroles extrêmement graves" du président argentin Javier Milei sur l'épouse du Premier ministre Pedro Sanchez, considérées par Madrid comme une attaque "sans précédent dans l'histoire des relations" entre les deux pays.

Madrid a convoqué, lundi 20 mai, l'ambassadeur argentin en Espagne pour exiger une nouvelle fois des excuses de Javier Milei après ses propos polémiques sur l'épouse de Pedro Sanchez, envisageant même une rupture des relations diplomatiques si le président argentin persiste dans son refus.

"Ce matin même, l'ambassadeur argentin [en Espagne] a été convoqué. Je vais lui faire part de la gravité de la situation et exiger à nouveau des excuses publiques de la part de Javier Milei", a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares sur la radio Cadena Ser.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques si Javier Milei ne n'excusait pas, il n'a pas écarté cette éventualité. "Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons", a-t-il expliqué.

José Manuel Albares avait déjà annoncé dimanche le rappel jusqu'à nouvel ordre de l'ambassadrice d'Espagne en Argentine après les "paroles extrêmement graves" de Javier Milei, considérées comme une attaque "sans précédent dans l'histoire des relations" entre l'Espagne et l'Argentine.

"Il est inacceptable qu'un président en exercice en visite en Espagne insulte notre démocratie", avait dit le ministre dans une déclaration lue à la télévision, en évoquant une entorse aux "coutumes diplomatiques" et aux "règles les plus élémentaires de coexistence entre les pays".

Buenos Aires a répondu dimanche en affirmant que c'était à Pedro Sanchez de s'excuser pour ce que le gouvernement espagnol a dit sur Javier Milei, accusé notamment vendredi par la numéro trois du gouvernement espagnol de semer la "haine".

"Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei", a affirmé le ministre argentin de l'Intérieur Guillermo Francos, à la chaîne TN.

"Femme corrompue"

Le président argentin, en conflit ouvert depuis plusieurs semaines avec le gouvernement espagnol, a prononcé les paroles en question lors du congrès "Europa Viva 24" organisé par le parti d'extrême droite espagnol Vox, dont il était l'invité d'honneur dimanche.

Coutumier des phrases choc, il a attaqué comme il en a l'habitude dans ce discours le "socialisme" et les partis de gauche, mais s'en est aussi pris à la femme du Premier ministre, Begoña Sanchez, l'accusant - sans la nommer - d'être "corrompue".

"Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter : "quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir".

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision du Premier ministre espagnol de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre sa femme.

"Pauvreté et mort"

Cette polémique a éclaté au troisième et dernier jour d'une visite en Espagne de Javier Milei, qui n'a rencontré lors de son séjour ni le roi Felipe VI, ni Pedro Sanchez, qui avait soutenu son rival Sergio Massa lors de la présidentielle argentine.

Elle survient deux semaines seulement après une première brouille diplomatique, déclenchée cette fois-ci par le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, qui avait suggéré - après avoir vu le président argentin à la télévision - que Javier Milei se droguait.

La présidence argentine avait réagi en accusant Pedro Sanchez d'avoir "mis en danger la classe moyenne avec ses politiques socialistes qui n'apportent que pauvreté et mort". Des critiques jugées à leur tour "infondées" par Madrid.

Cette passe d'armes avait finalement été considérée comme "terminée" par la présidence argentine et par Oscar Puente lui-même, qui avait admis avoir fait une "erreur" et n'avoir pas eu conscience des répercussions de ses déclarations.

Avec AFP