Découverts hier sur une plage de Corse-du-Sud, 124 immigrés clandestins affirmant être des Kurdes de Syrie ont été évacués vers des centres de rétention administrative du continent.
AFP - La mystérieuse odyssée de 124 réfugiés clandestins se disant Kurdes de Syrie débarqués sur une plage corse s'est poursuivie samedi avec leur transfèrement sur le continent et la suite de l'enquête judiciaire pour tenter de mettre au jour l'organisation de ce trafic d'êtres humains.
Les 57 hommes, 29 femmes et 38 enfants ont quitté samedi Bonifacio (Corse-du-Sud) où ils étaient hébergés depuis la veille dans un gymnase pour être transférés sur le continent depuis la base aérienne de Ventiseri-Solenzara (Haute-Corse).
Soixante d'entre eux doivent être "répartis sur un ensemble de centres de rétention administrative (Cra) dans le sud où les familles et les enfants en bas âge peuvent être accueillis", a dit le préfet de Corse, Stéphane Bouillon.
Des clandestins sont arrivés dans les Cra de Lyon, Marseille, Toulouse, Nîmes et Rennes.
Un dernier groupe d'une dizaine de personnes a également quitté la Corse peu avant 20H, a indiqué la préfecture de Corse.
Dimanche, des requêtes en annulation des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière pris à l'encontre de ces réfugiés seront examinés par les juges de la liberté et de la détention (JLD), a indiqué l'association Forum Réfugiés.
Le ministère de l'Immigration a indiqué que chacun "bénéficiera d'une évaluation individuelle de sa situation" et "des services d'un interprète, d'une visite médicale, d'une information sur les dispositifs d'aide au retour volontaire et d'une assistance juridique".
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a souhaité que chacun bénéficie d'un "examen complet et équitable" de sa situation.
itSelon le maire PS de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, l'évacuation s'est effectuée calmement. Insistant pour ne pas être séparés, les hommes avaient refusé de s'alimenter vendredi soir, exigeant notamment l'intervention de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Le représentant en Corse de la LDH, André Paccou, a déploré que le droit d'asile ne leur ait pas été proposé en Corse.
Le préfet de Corse a indiqué que les clandestins pouvaient demander l'asile sur le continent.
Il s'agissait de la première arrivée en Corse d'un groupe aussi important de clandestins, comme cela se passe fréquemment en Italie, Espagne, Grèce et à Malte.
Enquête sur les passeurs
Concernant l'enquête judiciaire, le procureur de la République d'Ajaccio, Thomas Pison, a déclaré que les 80 adultes ont affirmé être partis de Syrie pour aller en camion jusqu'en Tunisie d'où ils auraient embarqué à bord d'un cargo pour la Corse, alors qu'ils souhaitaient aller en Scandinavie.
M. Bouillon a qualifié d'"étonnant" le parcours des clandestins.
Soulignant qu'il existe "beaucoup de zones d'ombre", M. Pison a indiqué que les clandestins ont payé de 2.500 à 10.000 euros par personne à des passeurs en Tunisie.
Le procureur a ajouté que la France avait demandé l'assistance pénale des autorités judiciaires italiennes qui ont effectué des investigations dans leurs eaux territoriales. Un cargo battant pavillon russe ou ukrainien serait recherché.
Le ministère de l'Immigration a en outre indiqué qu'un deuxième bateau susceptible d'avoir débarqué ces clandestins en Corse avait été identifié. Le ministre Eric Besson et le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, ont exclu que la Corse devienne une destination pour les candidats à l'immigration. M. Besson a proposé un sommet européen sur la question.
M. Bouillon a annoncé que le gouvernement avait demandé à la Marine, aux douanes et à la gendarmerie de renforcer la surveillance du rivage.
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