
La Floride interdit depuis mercredi 1er mai toute interruption volontaire de grossesse après six semaines, contre quinze semaines auparavant. Avant l'entrée en vigueur de ce texte, cet État faisait figure de refuge pour les femmes du sud-est des États-Unis, une région où les interdictions ou restrictions se sont multipliées.
"Aujourd'hui, une interdiction extrémiste de l'avortement entre en vigueur en Floride, interdisant l'avortement avant même que de nombreuses femmes ne sachent qu'elles sont enceintes", a déclaré Joe Biden dans un communiqué.
La semaine dernière, le président de 81 ans s'était rendu dans cet État du Sud-Est, l'un des plus peuplés du pays, qui a voté deux fois majoritairement pour Donald Trump.
Le candidat républicain se félicite régulièrement d'être à l'origine du spectaculaire revirement de jurisprudence de la Cour suprême en juin 2022. L'institution, à laquelle il avait donné une composition très conservatrice, avait alors fait voler en éclats la protection au niveau fédéral du droit à l'avortement, renvoyant la responsabilité aux États.
"Interdictions d'avortement de Trump"
Les démocrates tentent de faire de l'avortement l'un des enjeux clés de la présidentielle de 2024, estimant qu'il s'agit d'un moyen de gagner des voix contre Donald Trump.
Kamala Harris, vice-présidente de 59 ans, première femme, et première personne afro-américaine et d'origine asiatique à ce poste, a multiplié ces derniers mois les déplacements et déclarations sur ce thème.

Dans le discours qu'elle doit prononcer à Jacksonville mercredi, elle doit qualifier les interdictions en vigueur en Floride et dans 20 autres États d'"interdictions d'avortement de Trump".
"Cette interdiction s'applique à de nombreuses femmes avant même qu'elles ne sachent qu'elles sont enceintes, ce qui nous indique que les extrémistes qui ont rédigé cette interdiction ne savent même pas comment fonctionne le corps d'une femme. Ou bien ils s'en moquent", doit-elle dire, selon des extraits publiés par son équipe de campagne.
Kamala Harris devrait également critiquer les déclarations de Donald Trump qui, dans une interview publiée mardi dans le magazine Time, a déclaré que les États pourraient surveiller les grossesses des femmes pour voir si elles ont eu recours à l'avortement en dépit de l'interdiction.
"Sous Donald Trump, il serait normal que les femmes soient surveillées et punies par le gouvernement", assure Kamala Harris. "Joe Biden et moi-même avons un point de vue différent : nous pensons qu'aucun élu politique ne devrait s'interposer entre une femme et un médecin."
La majorité des Américains favorables au droit à l'IVG
L'ex-président républicain entretient une politique ambiguë sur la question de l'avortement. S'il se vante régulièrement de son rôle décisif dans la fin de la célèbre jurisprudence "Roe versus Wade" qui protégeait ce droit, il se garde de déclarer ouvertement son soutien à une interdiction fédérale, réclamée par la droite religieuse.
Interrogé par le magazine Time pour savoir s'il mettrait son veto à une telle loi en cas de réélection, le magnat de 77 ans, visé par de nombreuses poursuites pénales, a botté en touche.
En se rendant en Floride, les démocrates portent la question du droit à l'avortement directement dans le fief de Donald Trump, qui passe la plupart de son temps dans son complexe de Mar-a-Lago, dans le sud de cet État.
Le gouverneur républicain Ron DeSantis est à l'origine de l'interdiction de l'avortement au-delà de six semaines. Il a promulgué en avril 2023 un projet de loi visant à abaisser la limite de 15 semaines à six semaines.
En avril, la Cour suprême de Floride avait confirmé l'entrée en vigueur de cette loi, mais elle avait dans le même temps renvoyé la décision finale aux électeurs.
Ces derniers voteront en novembre, en même temps que la présidentielle et les législatives, sur un amendement garantissant le droit à l'avortement dans l'État du Sud-Est.
L'interruption volontaire de grossesse est depuis toujours ou presque un sujet politiquement brûlant aux États-Unis, bien que, selon les sondages, la majorité des Américains soient favorables au droit à l'avortement.
AFP