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Strauss-Kahn veut lancer "une sorte de plan Marshall" pour Haïti

Alors qu'un séisme a de nouveau secoué l'île mercredi, le directeur général du FMI a appelé à "une sorte de plan Marshall" pour reconstruire Haïti. Il tente également d'annuler la dette du pays. La reconstruction pourrait prendre plus de 25 ans.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a appelé les Etats du monde à lancer "une sorte de plan Marshall" pour Haïti, dont la reconstruction pourrait prendre au moins 25 ans, selon l'ambassadeur haïtien en Espagne.  

Selon l'ONU, des promesses de dons de plus de 1,2 milliard de dollars, provenant d'Etats, de personnes privées et d'entreprises, ont déjà été recueillies.
Mais mercredi, dans un bidonville de Port-au-Prince, les habitants attendaient toujours un premier camion d'aide. "On ne sait pas si l'aide est arrivée dans d'autres endroits de la ville. Mais ce qui est certain, c'est que nous n'avons rien vu", lance un père de quatre enfants, Placide Jemais.
Huit jours après le séisme, les opérations humanitaires se sont déployées sous la protection des troupes américaines dans une capitale sous tension, frappée par un nouveau séisme au petit matin.
Une secousse de magnitude 6 a ébranlé Haïti mercredi à 6H03 locales (11H03 GMT). Au moins trois bâtiments se sont effondrés à Port-au-Prince et à Carrefour, une banlieue proche, mais sans faire de victimes.
Cette nouvelle réplique, la plus forte depuis le séisme de magnitude 7 qui a dévasté Haïti, a ajouté au traumatisme des habitants, déjà bouleversés après avoir perdu au moins 75.000 de leurs compatriotes. "Tous les Haïtiens vont finir par mourir parce qu'ils sont maudits", assurait une mère de famille à bout de nerfs.
Un semblant de vie normale paraissait cependant lentement s'instaurer. Depuis mercredi matin, un drapeau haïtien, en berne, flotte de nouveau devant le palais présidentiel effondré de Port-au-Prince.
L'armée américaine a assuré que le port de la ville, endommagé par le séisme, serait rouvert au trafic à partir de vendredi. Mercredi, un bâtiment français était déjà amarré à quai et déchargeait de l'aide humanitaire.
Plus de 300 campements improvisés regroupent environ 370.000 sans-abri dans la capitale haïtienne, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le gouvernement haïtien avait estimé mardi le nombre total de sans-abri à un million.
Les sauveteurs continuaient de rechercher des survivants. Une fillette de 11 ans a encore été retrouvée vivante mercredi par des voisins et hospitalisée. "C'est vraiment une miraculée, elle revient doucement à la vie, elle est bénie des dieux", a réagi le chirurgien Dominique Jean, de l'ONG Virade de l'espoir, à propos de la petite fille très amaigrie mais qui va pouvoir être progressivement réhydratée et nourrie.
La porte-parole de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Genève, Elisabeth Byrs, avait indiqué avant ce nouveau sauvetage que les équipes de secours du monde entier avaient retrouvé 121 personnes sous les décombres.
Le désespoir n'en attise pas moins la violence et la tension est extrême dans les rues de Port-au-Prince. Mercredi, des militaires américains, lourdement armés, patrouillaient les rues commerçantes de la capitale, livrées ces derniers jours aux pillards.
Des secouristes français d'une petite ONG, le Comité de secours internationaux (Cosi), ont décidé de suspendre leurs activités en Haïti après avoir été menacés mardi par des hommes armés.
La tension est particulièrement palpable lors des distributions alimentaires. Mercredi, deux camions remplis de nourriture n'ont pas pu livrer leur précieuse marchandise à Léogâne, à 30 km à l'ouest de Port-au-Prince, en raison des bagarres survenues dans la foule.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l'envoi en Haïti de 4.000 soldats supplémentaires, ce qui portera à 15.000 hommes leurs effectifs dans le pays. Ces renforts pourraient arriver avant vendredi.
Alors que des milliers de soldats américains poursuivaient leur déploiement dans les régions sinistrées, le navire-hôpital américain "Comfort" est arrivé au large de l'île. Entre 30 et 50 victimes du séisme vont pouvoir y être soignées en même temps, a indiqué l'armée américaine. Le Comfort dispose d'une capacité de 1.000 lits.
Une trentaine de centres hospitaliers fonctionnent dans la capitale et ses environs. A Pétion-Ville, dans la banlieue chic de Port-au-Prince, une clinique de chirurgie esthétique a ainsi été transformée en centre d'urgence où des médecins français opèrent des victimes du séisme.
L'armée canadienne remettait en état l'aéroport de Jacmel, ce qui permettra de désengorger celui de Port-au-Prince, distant d'environ 50 km, a annoncé mercredi le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay.
L'aéroport de la capitale reste pour l'heure la principale voie d'accès de l'aide humanitaire, qui peine toujours à atteindre ses destinataires vu le chaos qui règne dans la ville.
Le Programme alimentaire mondial a précisé avoir distribué "environ un million de rations alimentaires à plus de 200.000 bénéficiaires".