La Thaïlande se rapproche de la légalisation du mariage pour tous. Les députés ont donné mercredi 27 mars leur feu vert à une large majorité pour ce qui serait une première en Asie du Sud-Est.
Le vote marque une avancée importante, mais le texte doit encore passer devant le Sénat avant sa promulgation définitive par le roi Maha Vajiralongkorn. La procédure pourrait prendre encore plusieurs semaines, voire des mois.
"La Thaïlande est enfin acceptée et reconnue comme un vrai paradis LGBT+", s'est félicitée auprès de l'AFP Chanya Rattanathada, une activiste de 27 ans qui a contribué aux travaux parlementaires.
À l'annonce du résultat, des applaudissements ont retenti dans l'hémicycle, où certains élus ont brandi le drapeau arc-en-ciel symbole de la communauté LGBT+, selon des images retransmises par la chaîne parlementaire.
"Aujourd'hui, la société nous a prouvé qu'elle faisait attention aux droits LGBT+ (...) Maintenant, nous allons enfin avoir les mêmes droits que les autres", a réagi auprès de l'AFP le député de l'opposition Tunyawaj Kamolwongwat, membre du parti progressiste Move Forward.
Le royaume pourrait devenir le premier pays d'Asie du Sud-Est à reconnaître l'union entre deux personnes du même sexe, et le troisième en Asie après Taïwan et le Népal.
Du "gagnant-gagnant" pour tous les Thaïlandais
La communauté LGBT+ est très visible dans le pays réputé pour ses valeurs de tolérance, mais des lois jugées conservatrices continuent d'alimenter les discriminations vis-à-vis des couples homosexuels ou des personnes transgenres.
Après des décennies de lutte par les militants, le projet de mariage pour tous suscite aujourd'hui une large adhésion des principaux mouvements politiques, aussi bien auprès du Premier ministre Srettha Thavisin que de Move Forward, qui défend une refonte en profondeur des institutions.
La proposition adoptée par les députés vise à modifier les références aux "hommes", "femmes", "maris" et "épouses" dans la loi sur le mariage pour les remplacer par des termes non genrés.
La nouvelle législation doit aussi conférer aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels en matière d'adoption ou d'héritage.
C'est du "gagnant-gagnant" pour tous les Thaïlandais, a assuré Danuphorn Punnakanta, porte-parole du parti du Premier ministre, Pheu Thai.
Ce n'est pas la première fois que la Thaïlande planche sur la question, mais l'instabilité qui caractérise la vie politique du royaume avait eu raison des précédentes tentatives.
Le Premier ministre a maintenu sa promesse de campagne
En 2021, la Cour constitutionnelle a réaffirmé la validité de la loi reconnaissant le mariage uniquement entre un homme et une femme, tout en appelant les législateurs à prendre en compte les droits des personnes ne se conformant pas à ce cadre.
"C'est un énorme pas pour notre pays (...) J'espère que la dernière étape va se dérouler de manière fluide, et que la Thaïlande sera au même niveau que le reste du monde en matière de droits LGBT+", a déclaré auprès de l'AFP Mookdapa Yangyuenpradorn, porte-parole du groupe de défense des droits humains Fortify Rights.
Des milliers de personnes ont participé ces deux dernières années à la marche des fiertés de Bangkok, où la municipalité offre des certificats de mariage, sans valeur officielle, aux couples homosexuels qui le souhaitent à la Saint-Valentin.
Intronisé l'an dernier, le Premier ministre, Srettha Thavisin, a maintenu sa promesse de campagne de légaliser le mariage pour tous, malgré la présence de partis pro-armée conservateurs au sein de sa coalition décriée. Le dirigeant a déclaré l'an dernier que le changement de loi allait renforcer les structures familiales.
Si la Thaïlande s'apprête à autoriser l'union entre personne du même sexe, la loi n'accorde pas de reconnaissance aux personnes transgenres ou non-binaires qui veulent faire modifier leur genre sur leurs papiers d'identité.
Avec AFP