
Emmanuel Macron est arrivé, mardi 26 mars, au Brésil pour une visite de trois jours destinée à sceller les retrouvailles entre les deux pays. Le président français et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont lancé un programme visant à lever jusqu'à un milliard d'euros d'investissements verts dans l'Amazonie brésilienne et guyanaise, a annoncé la présidence française.
Cette annonce, intervenue au tout début de la visite d'État d'Emmanuel Macron, s'inscrit dans une feuille de route internationale que les deux chefs d'État entendent promouvoir dans la perspective de la COP30 qui se tiendra à Belem (nord du Brésil) en 2025.
Venu du département français de Guyane, Emmanuel Macron a été accueilli vers 16 h 30 (19 h 30 GMT) par son homologue Luiz Inacio Lula da Silva à Belém, ville du nord du Brésil qui accueillera la COP30 en 2025.
Environnement, défense, économie, géopolitique : les deux présidents, qui mettent volontiers en scène leur complicité, entendent montrer un rapprochement tous azimuts entre la France et le géant latino-américain, acteur-clef des "Brics", le bloc des pays émergents.
Près de Belém, l'un des grands centres urbains du bassin amazonien, les deux chefs d'État ont rejoint en bateau l'île de Combu pour visiter une micro-entreprise de production de cacao, censée illustrer que développement économique et protection de l'environnement peuvent aller de pair.
La plus grande forêt tropicale du monde joue un rôle vital contre le réchauffement climatique, via l'absorption des émissions de carbone. La déforestation dans l'Amazonie brésilienne a diminué de moitié en 2023, un succès pour le président Lula qui a promis de stopper le phénomène d'ici 2030. Au total, 5 152 km2 de forêt ont été détruits.
Un moment fort de ce premier jour doit être la remise par Emmanuel Macron de la Légion d'honneur au chef indigène Raoni Metuktire. Ce cacique du peuple kayapa est devenu ces dernières décennies l'icône planétaire de la défense de l'Amazonie. Selon l'Élysée, la France souhaite honorer "une figure internationale de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture des peuples premiers".

Tourner la page Bolsonaro
Il s'agit du premier voyage officiel d'un président français au Brésil depuis onze ans. Emmanuel Macron entend tourner la page des années noires de la présidence d'extrême droite de Jair Bolsonaro (2019-2022). En pleine crise sur les incendies en Amazonie, Jair Bolsonaro et ses ministres avaient eu des propos très désobligeants, et même insultants, envers le président Macron et son épouse.
"Nous sommes dans un moment franco-brésilien", se félicite l'Élysée. "La France est un acteur essentiel, incontournable pour la politique étrangère brésilienne", renchérit la diplomatie brésilienne.
Après Belém, le président français se rendra mercredi sur la base navale d'Itaguai (sud-est), pour mettre en avant le partenariat de défense entre les deux pays.
Le troisième de quatre sous-marins à propulsion classique nés d'une coopération franco-brésilienne sera mis à l'eau à cette occasion, en présence des deux dirigeants. Brasilia pourrait aussi faire appel à Paris pour l'aider à développer la propulsion nucléaire sur un cinquième sous-marin. De tels transferts de technologie, très sensibles en matière de souveraineté et de non-prolifération, représenteraient une petite révolution vue de France.
Jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula au palais présidentiel de Planalto pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux.
Si les deux hommes veulent pousser la transition écologique et la réforme de la gouvernance internationale, les sujets qui fâchent ne manquent pas. À commencer par l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), serpent de mer que Paris bloque sur fond de crise agricole en Europe.
Emmanuel Macron devrait aussi rappeler toute la place que le G20, présidé cette année par le Brésil, doit selon lui continuer à accorder à la guerre en Ukraine. Lula, qui se pose en champion du "Sud global", martèle pour sa part que les responsabilités sont partagées en Ukraine, et refuse de prendre parti contre la Russie.

Avec AFP