
Aziz a suivi le début de la contestation depuis le Liban. Lorsque des millions de Syriens ont fui vers des pays voisins, l'artiste a choisi de faire le chemin inverse et est rentré en Syrie. "C'est mon devoir de revenir ici pour soutenir ma famille et mon peuple", dit-il. "Je suis plus utile à la révolution en étant à Idleb qu'ailleurs".
Pour dénoncer les crimes du régime syrien et de ses alliés, il peint les immeubles détruits dans les bombardements. "La peinture est un langage universel que tout le monde comprend".
À Idleb, chacun poursuit l'effort révolutionnaire à sa façon. Jusqu'en 2013, Abu Amin a combattu avec différentes factions dans l'armée syrienne libre. Blessé à plusieurs reprises, il a quitté le front pour devenir observateur et aider les civils. "Il y a une faille dans la protection de la population, donc ça me motive encore plus, car je contribue à sauver des vies, je pense que je suis plus utile en étant ici qu'en allant combattre", explique celui dont les missions consistent notamment à informer les combattants et donner l'alerte quand des bombardement ou des frappes aériennes vont avoir lieu.
Dans ce dernier bastion rebelle au régime de Damas, ils sont nombreux, comme Aziz ou Abu Amin, à croire que le départ de Bachar al-Assad est encore possible. Comme chaque année, le 15 mars, ils sont plusieurs centaines à se réunir sur la place d'Idleb pour demander justice.
Plus de 507 000 morts et plus de sept millions de déplacés
La répression brutale de ce soulèvement, dans le sillage du "Printemps arabe", avait déclenché une guerre civile qui a fait plus de 507 000 morts, plus de sept millions de déplacés et plongé le pays dans une profonde crise économique et humanitaire.
Rassemblés sur la place principale d'Idleb (nord-ouest), vendredi, des manifestants ont brandi le drapeau de la "révolution", adopté par l'opposition au début du soulèvement.
"Bachar, dégage ! Jolani, dégage !", répétaient les protestataires, à l'adresse du président syrien et du chef du groupe jihadiste qui contrôle Idleb.
"Notre révolution est contre tout le monde (...), que ce soit Bachar al-Assad ou Jolani", assure Mohammed Harnouch, 35 ans.
Le dernier bastion rebelle est contrôlé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), dirigé par Abou Mohammad al-Jolani, qui s'est affranchi d'Al-Qaïda et dit avoir mis au ban ses membres les plus extrémistes.
Environ trois millions de personnes y habitent, pour beaucoup des déplacés ayant fui les régions reconquises par Damas, avec le soutien de Moscou et Téhéran.
Avec AFP