Le Parlement islandais a adopté, mercredi, le projet de loi visant à rembourser près de 4 milliards d'euros empruntés au Royaume-Uni et aux Pays-Bas pour indemniser les victimes de l'effondrement du système bancaire du pays, fin 2008.
AFP - Le Parlement islandais a adopté mercredi soir à une courte majorité une loi controversée destinée à rembourser près de 4 milliards d'euros avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour indemniser plus de 300.000 de leurs citoyens lésés par la faillite de la banque Icesave.
Après des mois de péripéties, de manifestations et de discussions ainsi que l'adoption en août d'un accord amendé finalement rejeté par Londres et La Haye, une majorité de 33 députés a adopté un texte conforme à un nouvel accord trouvé par les gouvernements islandais, britannique et néerlandais en octobre.
Trente parlementaires ont voté contre, selon le décompte officiel du vote, retransmis en direct par la télévision islandaise. Initialement prévu en milieu de journée, le vote a été plusieurs fois retardé, dans une ambiance de débats souvent tendue.
"Félicitations l'Islande!", a crié un député favorable au texte à la proclamation du vote devant l'assemblée, tandis qu'un opposant a répliqué: "C'est de la haute trahison!".
Le litige sur Icesave, qui dure depuis l'été dernier, a été un obstacle pour la candidature de l'Islande à l'Union européenne et a entraîné des retards dans le versement de nouvelles tranches du prêt d'urgence de 2,1 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international (FMI).
La loi est conforme à un nouvel accord trouvé par les gouvernements islandais, britannique et néerlandais en octobre après le rejet par Londres et La Haye d'un premier texte adopté fin août par le Parlement islandais qui prévoyait l'expiration en 2024 de la garantie publique islandaise au remboursement des fonds.
Le texte prévoit le paiement échelonné d'ici 2024 d'environ 3,8 milliards d'euros, soit l'équivalent de près de 40% du Produit intérieur brut annuel de l'île de l'Atlantique Nord, ruinée par l'effondrement de ses banques en octobre 2008.
L'ampleur du fardeau a suscité des manifestations, de fortes critiques de l'opposition et semé la discorde au sein de la majorité de gauche du Premier ministre Johanna Sigurdardottir, qui a menacé de faire voler la coalition au pouvoir en éclats si le texte n'était pas adopté.
"La façon dont le gouvernement a géré ce dossier a été honteuse depuis le début", a déclaré Birkir Jon Jonsson, numéro 2 du parti d'opposition du Progrès (droite), au moment de voter.
Une pétition qui demande au président islandais Ólafur Ragnar Grímsson de ne pas ratifier la loi sur Icesave a déjà réuni 39.600 signatures dans un pays de 320.000 habitants, un record en Islande. Le président islandais doit signer le texte jeudi, marquant son entrée en vigueur.
"L'Histoire prouvera que nous avons fait la bonne chose", a déclaré le ministre des Finances Steingrimur Sigfusson pour justifier son vote.
Le nouveau texte est dépourvu d'un amendement-clé introduit en août qui avait suscité l'opposition britannique et néerlandaise: il prévoyait que la garantie de remboursement par l'Etat islandais disparaîtrait en 2024, que le paiement ait été complet ou non.
Initialement attirés par les taux d'intérêt alléchants proposés par Icesave, plus de 320.000 clients britanniques et néerlandais de la banque en ligne avaient perdu leurs économies lors de la nationalisation de sa maison mère, Landsbanki, l'une des trois grandes banques islandaises.
Ils avaient été partiellement indemnisés par leurs Etats respectifs, qui s'étaient ensuite retournés vers Reykjavik pour se faire rembourser.