Le décompte des voix a commencé mardi 14 novembre pour savoir si l'ancienne star du ballon rond George Weah, au bilan critiqué, serait reconduit à la présidence du Liberia ou remplacé par le vétéran Joseph Boakai.
Les agents électoraux ont commencé le dépouillement après la fermeture des bureaux de vote à 18h00 (locales et GMT), au soir du second tour de la présidentielle, a constaté une correspondante de l'AFP.
La commission électorale a 15 jours pour publier les résultats, mais l'affaire pourrait prendre moins de temps, dit l'un de ses responsables, Samuel Cole.
Ce second tour de la présidentielle s'annonce serré entre deux candidats qui se sont déjà opposés en 2017, quand l'ancien joueur du PSG l'avait emporté avec plus de 61 % des suffrages. George Weah, 57 ans, et Joseph Boakai, 78 ans, sont arrivés au coude-à-coude au premier tour, le 10 octobre, avec un peu plus de 43 % des votes et une avance de 7 126 voix pour le président sortant.
"[Avec] la confiance qui a été placée en moi pour tout le travail que nous avons fait, je crois que les Libériens vont m'élire", a assuré "Mister George" après avoir voté à Paynesville, dans la banlieue de la capitale.
Le président sortant conserve son aura d'unique Africain désigné Ballon d'or, la plus prestigieuse récompense individuelle du football.
"Je suis content. Tout est calme, tout le monde vote et il n'y a pas de tension, c'est ça la démocratie", a-t-il dit alors que des violences pré-électorales ont fait craindre pour le déroulement du scrutin et du dépouillement.
"Mon objectif, c'est de gagner", a dit son rival depuis chez lui, près de Monrovia, après avoir voté. Il a accusé le camp adverse d'être pris de "panique" et d'essayer de truquer le scrutin, mais a prévenu que ses sympathisants surveillaient les opérations.
Au-delà du choix de la personne qui dirigera ce pays pauvre, peuplé de cinq millions d'habitants en quête de paix et de développement après les années de conflit et d'épidémie d'Ebola, l'un des enjeux est le déroulement pacifique et régulier de l'élection et l'acceptation des résultats.
"Pas de bagarre"
"Nous ne voulons pas de bagarre", disait à l'heure du choix Madison K. Saiman, un enseignant de 29 ans, "donc je dis à tout le monde : tranchons ça par la politique".
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia, créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles qui ont fait plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace.
Plus de 2,4 millions d'électeurs étaient invités à se prononcer entre un sortant qui reste populaire parmi les jeunes mais doit défendre un bilan critiqué, et un vieux routier qui fut le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue cheffe d'État en Afrique, entre 2006 et 2018.
Joseph Boakai a occupé une multitude de postes au sein de l'État ou du secteur privé, mais son âge est considéré comme un handicap.
Élections générales au Liberia : une campagne émaillée de tensions
Le président sortant se réclame de son action en faveur de l'éducation et de l'électrification des foyers, de la construction de routes et d'hôpitaux. Il promet de continuer à œuvrer au développement d'un des pays les plus pauvres de la planète.
Ses détracteurs lui reprochent de n'avoir pas tenu ses promesses. Ils l'accusent d'être déconnecté des réalités de ses concitoyens, qui se débattent avec hausses des prix et pénuries.
Joseph Boakai, qui lui impute l'aggravation d'une corruption réputée endémique, promet de développer les infrastructures, d'attirer les investisseurs et les touristes, et d'améliorer la vie des plus pauvres. Il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l'ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah il y a six ans.
Les deux camps se sont accusés de violences et d'intimidations entre les deux tours. Le camp de Joseph Boakai a dénoncé des irrégularités lors du premier tour. La campagne a aussi été marquée par de la désinformation.
La Communauté des États ouest-africains (Cedeao) "met en garde tout le monde quant au fait [qu'elle] tiendra les auteurs de troubles, d'appels à la haine et de violences, pour responsables de leurs agissements", a-t-elle dit dans un communiqué avant le vote.
Avec AFP