
Des millions de Taïwanais se sont rendus aux urnes, samedi 13 janvier, pour l'élection présidentielle, malgré les menaces croissantes de la Chine. Pékin revendique l'île et promet d'"écraser" toute velléité d'indépendance.
De longues files étaient visibles devant les quelque 18 000 bureaux de vote, qui ont fermé à 16 h (8 h GMT). Des Taïwanais sont revenus au pays pour l'occasion, le vote à l'étranger n'étant pas autorisé.
En 2020, la participation avait frôlé les 75 % dans ce territoire de 23 millions d'habitants situé à 180 kilomètres des côtes chinoises et salué comme un modèle de démocratie en Asie.
L'élection est à un tour et les résultats sont attendus dans la soirée.
Selon un communiqué de la compagnie ferroviaire taïwanaise, 746 000 personnes prendront le train samedi, la plupart pour rentrer voter dans leur ville d'origine, plus qu'en 2020 (environ 704 000).
Lai Ching-te se pose en garant de la démocratie
Favori du scrutin, le vice-président Lai Ching-te, du Parti démocratique progressiste (DPP), est vu par Pékin comme "un grave danger" car il est sur la même ligne que la présidente sortante, Tsai Ing-wen, qui clame que l'île est de facto indépendante.
C'est depuis l'élection de cette dernière, en 2016, que la Chine a coupé toute communication de haut niveau avec Taïwan, qu'elle considère comme l'une de ses provinces.
Face à lui, Hou Yu-ih, candidat du Kuomintang (KMT), principal parti d'opposition, prône un rapprochement avec Pékin. Le troisième candidat, Ko Wen-je, du petit Parti populaire taïwanais (TPP), se présente comme anti-establishment.
"S'il vous plaît, allez voter pour montrer la vitalité de la démocratie taïwanaise", a lancé Lai Ching-te samedi matin avant d'aller déposer son bulletin dans l'urne, dans le gymnase d'une école à Tainan (sud). "Il s'agit de la démocratie taïwanaise durement acquise. Nous devrions tous chérir notre démocratie et voter avec enthousiasme."
Pékin appelle à faire "le bon choix"
Toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire. Jeudi, cinq ballons chinois ont encore franchi la ligne médiane séparant l'île autonome de la Chine, selon le ministère taïwanais de la Défense, qui a aussi repéré dix avions et six navires de guerre.
Alors que les électeurs taïwanais se rendent aux urnes, des journalistes de l'AFP ont observé un avion de chasse chinois au-dessus de la ville de Pingtan, la plus proche de Taïwan.
Et sur le réseau social chinois Weibo, le hashtag "Élection à Taïwan" a été bloqué samedi matin.
Pékin a appelé les électeurs à faire "le bon choix" et l'armée chinoise a promis d'"écraser" toute velléité d'"indépendance" de Taïwan. Les Taïwanais votent aussi pour renouveler leur Parlement, où le DPP pourrait perdre sa majorité.
Avec AFP