
Après l'attentat meurtrier perpétré mercredi 3 janvier à Kerman et revendiqué par l'organisation État islamique (EI), Wassim Nasr revient sur les circonstances de cette attaque. "Selon le communiqué de l'EI, le premier a activé sa ceinture explosive et le deuxième a attendu vingt minutes avant d'activer sa propre ceinture", précise le spécialiste des mouvements jihadistes à France 24. "C'est leur mode opératoire habituel : faire des dégâts, attendre que les secours arrivent et ensuite faire encore plus de dégâts".
Par ailleurs, le moment choisi pour cet attentat ne doit rien au hasard, poursuit Wassim Nasr : "Le choix a été fait (de s'attaquer) à cette commémoration de l'assassinat du général Qassem Soleimani par les Américains (en 2020). Un rassemblement de la population iranienne a été ciblé parce que c'était l'anniversaire de Soleimani en personne, et que ce dernier a une longue dette de sang avec l'EI qui remonte à l'Irak et à la Syrie."
Par ailleurs, le spécialiste des mouvements jihadistes rappelle que l'organisation terroriste "a blâmé Qassem Soleimani pour avoir attaqué en 2014 Amerli – une ville dans l'est de l'Irak où l'EI était positionné – sous couvert des avions américains."
"Guerre dogmatique" de l'organisation État islamique
Wassim Nasr précise aussi que "la dette de sang entre l'EI et l'Iran remonte" à plusieurs années. L'attentat de mercredi a été la quatrième attaque de l'organisation terroriste sur le sol iranien. Et le spécialiste d'énumérer les précédents attentats revendiqués : le premier contre le Parlement et le mausolée de l'imam Khomeini (17 morts, 39 blessés) en juin 2017, le deuxième contre un défilé militaire des Gardiens de la révolution à Ahvaz (cinq assaillants, 29 morts et 70 blessés) en septembre 2018, et le troisième contre le mausolée Shah Cheragh à Chiraz (un seul assaillant, 15 morts et 40 blessés) en octobre 2022.

Quant à savoir si l'attaque à Kerman pourrait s'inscrire dans un récit sur fond de guerre en cours du côté des Territoires palestiniens, Wassim Nasr explique que cet attentat "est, du point de vue de l'EI, en lien avec ce qu'il se passe à Gaza". et il poursuit : "Cela rentre dans le contexte de la guerre à Gaza parce que c'est l'occasion pour l'EI de rappeler que toutes les guerres qu'il mène partout dans le monde sont liées, et que la Palestine et Gaza sont une 'plaie' – selon leur propres mots – parmi tant d'autres du monde musulman."
Le spécialiste des mouvements jihadistes conclut que cette attaque en Iran "est aussi l'occasion pour l'EI de blâmer le Hamas, qu'il qualifie d'apostat", ainsi que "de rappeler qu'ils mènent une guerre religieuse, dogmatique et pas une guerre de territoires ou de frontières."