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Les autorités iraniennes ont décrété une journée de deuil national, jeudi, en hommage aux dizaines de victimes de la double explosion qui a eu lieu la veille lors de la commémoration de la mort du général Qassem Soleimani à Kerman en Iran. Le groupe État islamique a revendiqué cet attentat.

Le groupe État islamique (EI) a fini par revendiquer, jeudi 4 janvier, l'attentat qui a fait au moins 84 morts la veille près de la tombe du général Qassem Soleimani en Iran, dont le pays commémorait le quatrième anniversaire de la mort.

Via ses chaînes Telegram, le groupe jihadiste a indiqué que deux de ses membres ont "activé leur ceinture explosive" au milieu "d'un grand rassemblement d'apostats, près de la tombe de leur leader 'Qassem Soleimani' hier à Kerman, dans le sud de l'Iran".

Jeudi, le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, a indiqué à l'agence locale Isna que la sécurité serait renforcée aux frontières poreuses avec l'Afghanistan et le Pakistan, points de passage pour des groupes armés combattant le pouvoir iranien.

L'Iran observait jeudi une journée de deuil national en la mémoire des nombreuses victimes de cette attaque, la plus meurtrière dans le pays depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d'Abadan, selon les archives de l'AFP.

Cet attentat est survenu dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit en octobre entre Israël et le Hamas. Elle intervient surtout au lendemain de l'élimination d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe près de Beyrouth, attribuée à Israël.

En l'absence de toute revendication durant les premières vingt-quatre heures, des responsables en Iran ont pointé du doigt Israël et les États-Unis après la double explosion qui s'est produite mercredi à Kerman, près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani, tué en janvier 2020 dans une attaque de drone américaine en Irak.

"Certains médias iraniens proches du pouvoir continuent d'affirmer qu'Israël est derrière cette attaque", indique Siavosh Ghazi, le correspondant de France 24 en Iran.

Des représentants du régime et des anonymes

Une foule compacte de représentants du régime iranien et d'anonymes assistait à la cérémonie commémorative.

Le bilan des victimes a été à nouveau revu à la baisse jeudi. Après 103 morts annoncés par l'agence de presse officielle Irna puis 95 par le ministre de la Santé, Bahram Eynollahi, le chef des services d'urgence du pays, Jafar Miadfar, a fait état de 84 morts et 284 blessés

Un conseiller politique du président iranien, Mohammad Jamshidi, a affirmé que les "régimes américain et sioniste" étaient derrière l'attentat, avant que celui-ci ne soit revendiqué par l'EI.

Aux États-Unis, le département d'État a jugé "absurde" toute suggestion d'une implication des États-Unis ou d'Israël dans cet attentat qui "ressemble à une attaque terroriste, le genre de chose que l'EI (État islamique) a fait par le passé", selon un haut responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Ennemi juré de l'Iran, Israël n'a pas commenté l'attentat. "Nous sommes concentrés sur les combats avec le Hamas" dans le territoire palestinien de la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a promis une "réponse sévère" à cet attentat, un acte "odieux et lâche" pour le président Ebrahim Raïssi, qui a annulé un déplacement prévu jeudi en Turquie, selon un média d'État.

Condamnation internationale

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par Téhéran, a lui fustigé un "acte terroriste (...) qui cherche à déstabiliser la sécurité de la République islamique au service de l'agenda de l'entité sioniste (Israël)".

La Syrie a exprimé "son entière solidarité face aux attaques terroristes et aux complots honteux" qui visent, selon elle, son allié iranien.

De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé un attentat "choquant par sa cruauté et son cynisme".

Le secrétaire général de l'ONU, l'Union européenne, la France, l'Allemagne, la Jordanie, et l'Arabie saoudite ont eux aussi condamné l'attaque.

Avec AFP