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Le Sénat américain valide l'enveloppe de 60 milliards de dollars pour l'Ukraine
Le Sénat américain, à majorité démocrate, a adopté mardi l'enveloppe de 60 milliards de dollars pour l'Ukraine voulue Joe Biden ainsi que des fonds destinés à Israël et Taïwan. Le texte n'a cependant aucune chance de passer l'épreuve de la Chambre des représentants, où les élus républicains proches de Donald Trump ont annoncé qu'ils s'opposeraient au déblocage de nouveaux fonds pour Kiev.

Un coup d'épée dans l'eau ? Le Sénat américain a adopté mardi 13 février une enveloppe de 60 milliards de dollars pour l'Ukraine ainsi que des fonds destinés à Israël et Taïwan, un texte que le président de la Chambre des représentants a rejeté par avance.

Malgré tout, ce nouveau pas du Congrès vers l'adoption d'une aide à Kiev, bloquée depuis plusieurs mois, a été saluée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'est dit "reconnaissant" envers les sénateurs américains.

"Pour nous, en Ukraine, la poursuite de l'aide américaine permet de sauver des vies humaines de la terreur russe", alors que "nous luttons pour la liberté, la démocratie", a déclaré Volodymyr Zelensky sur X (ex-Twitter).

I am grateful to @SenSchumer, @LeaderMcConnell, and every US Senator who has supported continued assistance to Ukraine as we fight for freedom, democracy, and the values we all hold dear.

For us in Ukraine, continued US assistance helps to save human lives from Russian terror.…

— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 13, 2024

Démocrates et républicains se déchirent depuis des mois au Congrès américain sur la question de l'aide à l'Ukraine – alliée des États-Unis, en guerre avec la Russie depuis près de deux ans. Les démocrates sont, dans leur immense majorité, en faveur de cette aide. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.

En pleine campagne présidentielle, l'équation s'est transformée en bras de fer à distance entre le président Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, qui prétend que s'il était réélu en novembre, il réglerait la guerre entre la Russie et l'Ukraine "en 24 heures" – sans vraiment expliquer comment.

"Sinon, ce sera l'Amérique d'abord !"

Alors, qu'importe que le président démocrate soutienne le projet, ou qu'il ait exhorté le Congrès à "l'adopter rapidement". Dans ces tractations, c'est son prédécesseur et rival probable à l'élection présidentielle qui a le dernier mot.

Lundi soir, Mike Johnson, chef des républicains à la Chambre des représentants et fidèle de Donald Trump, a assuré que le texte négocié par les sénateurs ne serait pas examiné en l'état dans son hémicycle. "Le projet de loi sur l'aide aux pays étrangers du Sénat reste muet sur le problème le plus urgent auquel notre pays est confronté", a fustigé Mike Johnson dans un communiqué, faisant référence à la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Les républicains demandent, en échange de l'adoption d'une aide à Kiev, un renforcement important de la politique migratoire. Et "en l'absence de toute modification" de la part du Sénat sur le sujet, "la Chambre des représentants continuera de travailler selon sa propre volonté sur ces questions importantes", a-t-il assuré.

Mike Johnson, comme nombre de républicains au Congrès, suit les directives de Donald Trump, qui a affirmé samedi que les États-Unis devaient "arrêter de donner de l'argent sans espérer être remboursés".

Le candidat républicain a aussi jeté un pavé dans la mare en assurant qu'il "encouragerait" la Russie à s'en prendre aux pays de l'Otan si ceux-ci ne payaient pas leur part, suscitant une pluie de critiques de l'autre côté de l'Atlantique. "Nous aidons l'Ukraine pour plus de 100 milliards de dollars de plus que l'Otan", a martelé Donald Trump lundi soir sur son réseau, Truth Social. "L'Otan doit égaliser, et maintenant", a-t-il exigé. "Sinon, ce sera l'Amérique d'abord !", a-t-il lancé, en référence à la doctrine isolationniste qu'il a placée au cœur de sa politique étrangère entre 2017 et 2021.

Avec AFP