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À la Une de la presse, les réactions aux inondations dans l’est de la Libye, où le bilan de la tempête Daniel est extrêmement lourd, même si le nombre exact de victimes reste indéterminé. La première apparition publique du roi Mohammed VI à Marrakech hier, quatre jours après le séisme qui a fait près de 3000 morts, selon un bilan, là encore, provisoire. Et des déclarations signées Poutine sur l’Union soviétique.

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À la Une de la presse, les réactions aux inondations dans l’est de la Libye, où le bilan de la tempête Daniel est extrêmement lourd, même si le nombre exact de victimes reste indéterminé.

"Il n’existe aucun mot pour décrire le niveau biblique des souffrances que les gens endurent". "Nous disons mère Nature, mais c’est le fait de l’homme, c’est l’incompétence des élites politiques libyennes", accuse Anas El Gomati, un politologue libyen, dans The New York Times. Pas de mots, mais des images éloquentes, comme ces photos satellites de Derna, la ville la plus touchée par la catastrophe, où deux barrages ont cédé, qui montrent la ville côtière avant et après la tempête. Celui pris hier, le 12 septembre, montre l’étendue de la dévastation. Le quotidien britannique The Guardian évoque un bilan qui pourrait atteindre près de 10 000 morts, selon certaines sources. Un bilan dont l’ampleur serait "incompréhensible" et dont l’exactitude sera très difficile à établir, notamment parce que les corps de nombreuses victimes, ont été rejetés vers la mer. "Combien de morts ?" : la question taraude Libération, qui évoque "une tempête terriblement meurtrière" et un bilan forcément aggravé par le chaos qui règne en Libye - un pays aux ressources pétrolières et gazières faramineuses et où deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis la chute du régime Kadhafi, en 2011.

Les inondations en Libye interviennent au moment-même où l’ONU alerte sur les conséquences dévastatrices du changement climatique. Pour le journal italien Il Manifesto, ce qui vient d’arriver est le résultat du "nouveau climat méditerranéen" provoqué par le réchauffement climatique - caractérisé par des événements météo "extrêmes", et qui viennent frapper de plein fouet des territoires déjà "fragiles". Cette combinaison mortelle a provoqué une  hécatombe, et transformé la Libye en "tombe écologique", selon le journal. Dans un entretien au Monde, le climatologue Davide Faranda explique la puissance du cyclone qui a traversé l’est de la Libye par la température très élevée de la Méditerranée, 28°C en moyenne cet été. D’après ce chercheur, la tempête est arrivée sur les côtes libyennes bourrée d’énergie et les pluies très fortes qui l’accompagnaient se sont ensuite déversées sur des sols totalement asséchés par des mois de canicule - d’où les ruissellements et les inondations -, chaque phénomène s’aggravant mutuellement.

Au Maroc, le roi Mohammed VI a fait hier sa première apparition publique à Marrakech, près de quatre jours après le séisme qui a fait près de 3000 morts, selon un bilan, là encore, provisoire. La presse espagnole, dont El Pais, relaie largement cette visite éclair au chevet des blessés, avec un cliché officiel fourni par le Palais. Si Madrid et Rabat sont en pleine lune de miel diplomatique, les quotidiens espagnols sont beaucoup plus critiques. "Presque 3000 morts et 4 jours après, Mohammed VI s’approche de son peuple": le très droitier ABC publie un autre cliché officiel du roi donnant son sang et critique la "mise en scène (de cette visite) jusque dans ses moindres détails, les soldats en uniformes, les tapis", mais aussi "l’énorme déploiement policier, et l’absence de la presse, qui n’a pas été autorisée à accéder à l’hôpital Mohammed VI".

La presse américaine est aussi très critique. The New York Times évoque la façon dont le séisme a jeté la lumière sur ce roi "insaisissable", ce représentant d’une "monarchie vénérée et presque toute-puissante", mais dont "les détails sur la vie et les actions", "sa famille et son entourage", "restent mystérieux et sujets à spéculations". Au-delà de la personnalité de Mohammed VI, The Washington Post cite des "analystes" qui attribuent "la lenteur et la mauvaise coordination de la réponse à la catastrophe" au système politique marocain lui-même, "une monarchie constitutionnelle où la prise de décision est hautement centralisée et où les fonctionnaires de niveau inférieur craignent d'agir sans l'approbation du palais royal". En France, Le Canard enchaîné ironise, lui aussi, sur la discrétion de ce roi qui "rase les murs". Le journal publie un dessin de Bouzard faisant référence au refus du Maroc d’accepter l’aide proposée par la France, du moins pour le moment. "On va vous tirer de là", annonce un secouriste à une victime, qui lui demande s’il est de nationalité française.

Les dessinateurs de presse ironisent aussi ce matin sur la rencontre, aujourd’hui, entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Le meilleur dessin, selon moi, est signé Morten Morland pour The Times, qui montre le duo dans un jacuzzi rempli de sang. "Un peu plus de misère, mon ange?", propose le leader suprême. "N’essaie même pas, vilain coquin", répond le président russe, missile à la main.

La déclaration, hier, du président russe au Forum économique de l’Est, à Vladivostok, qualifiant l’invasion soviétique de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie d’"erreur" ayant porté préjudice à d’autres nations, n’a pas échappé au Financial Times, qui voit dans ces propos "un rameau d'olivier tendu aux pays d'Europe centrale et orientale, où les politiciens ont adopté des vues plus sympathiques à l'égard de la Russie que leurs alliés occidentaux". Cette déclaration qui tranche, en tout cas, avec l’habituelle glorification de l’Union soviétique par le patron du Kremlin, qui a présenté, à plusieurs reprises, l’effondrement de l’URSS comme "la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle". Nostalgie, quand tu nous tiens. Le Monde fait état de l’inauguration, lundi, à Moscou, en grande pompe, d’une statue de Felix Dzerjinski, le fondateur de la police politique soviétique. D’après le journal, il s’agit d’une copie d’une statue déboulonnée par la foule en 1991, qui a été installée devant le siège des services de renseignement extérieur, dont le directeur a encensé, un homme "resté jusqu’au bout fidèle à ses idéaux de bonté et de justice".

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