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Inquiétudes sur l'état de santé de l'opposant russe Kara-Mourza, condamné à 25 ans de prison

L'épouse de l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza, détenu depuis plus d'un an par les autorités russes, se dit très inquiète en raison de la "santé défaillante" de son mari. Il a été condamné en avril à 25 ans de prison dans une colonie pénitentiaire à régime sévère, bien qu'il souffre de graves problèmes médicaux après avoir été victime de deux tentatives d'empoisonnement.

L'épouse de Vladimir Kara-Mourza a fait part de sa profonde inquiétude pour l'état de santé de l'opposant russe arrêté par la Russie en avril 2022, deux mois après le début de l'invasion en Ukraine.

Vladimir Kara-Mourza a été condamné le 17 avril à 25 ans de prison, pour "haute trahison", dans une colonie pénitentiaire à régime sévère avec des conditions d'incarcération extrêmement strictes. 

Evgenia Kara-Mourza se dit très "inquiète" dans une interview accordée à l'AFP, en raison de la "santé défaillante" de son mari, rapporte l'agence de presse jeudi 18 mai. L'opposant russe avait déjà de graves problèmes médicaux avant même d'être détenu. Il souffre d'une maladie nerveuse appelée polyneuropathie qui, selon sa femme, est due à deux tentatives d'empoisonnement en 2015 et 2017. 

Cette dernière est persuadée que la condamnation de son mari à 25 ans de prison ne fera qu'aggraver encore la situation.

Peu d'espoir d'une libération en appel

Vladimir Kara-Mourza, 41 ans, a fait appel de sa lourde condamnation pour trahison, mais sa femme s'attend "bien sûr" à ce qu'elle soit rejetée. Et même si l'état de santé de son mari devrait normalement l'exempter d'une incarcération, "les autorités russes ne sont pas gênées par cela".

S'adressant à l'AFP en marge du Sommet de Genève pour les droits de l'Homme et la démocratie, Evgenia Kara-Mourza a dénoncé "une pure et cynique vengeance du gouvernement russe". "Le régime voit clairement mon mari comme son ennemi personnel", affirme t-elle, se référant aux deux empoisonnements qui étaient destinés à "tuer, pas à menacer". 

Symbole de l'opposition russe

Vladimir Kara-Mourza était très actif avec l’opposition russe à l'étranger pour faire adopter des sanctions internationales contre Moscou pour les violations des droits de l’Homme en Russie. Son épouse et leurs trois enfants vivent en sécurité aux États-Unis. 

Malgré les dangers, il y a un an, son mari n'a pas hésité à retourner en Russie. "Bien sûr, ça me fait peur pour sa vie", a-t-elle confié, soulignant que "Vladimir et moi construisions soigneusement notre petit monde depuis des années, nos enfants, notre famille". "Mais je sais pourquoi il se bat", a-t-elle dit, saluant le fait qu'"à travers tous ces risques, à travers toutes les attaques", il est resté "fidèle à lui-même". 

Lorsqu'on lui demandé si elle pensait que d'autres oseraient suivre son exemple, elle a rappelé que "20 000 personnes sont détenues arbitrairement" depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l'Ukraine l'année dernière. 

Que tant de gens aient osé protester à un moment où "le régime utilise tout l'arsenal de techniques répressives à la soviétique contre les manifestants anti-guerre" signifie qu'"il y a probablement des millions de personnes qui sont contre le régime, mais qui ont peur de prendre la parole". 

Avec AFP